Les électeurs camerounais votent ce dimanche pour élire leur président, dans un scrutin où Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans, part grand favori face à 11 candidats. À 92 ans, le plus vieux chef d’État en exercice au monde brigue un huitième mandat, malgré une contestation croissante et une forte lassitude sociale.
Huit millions de Camerounais sont appelés aux urnes entre 8 h et 18 h, dans un contexte de méfiance vis-à-vis du processus électoral. « Le système gouvernant dispose de nombreux moyens pour orienter les résultats », analyse le politologue Stéphane Akoa, tout en soulignant une campagne « plus animée » que les précédentes.
Face à Biya, son ancien ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, attire une attention inattendue. Originaire de Maroua, dans l’extrême-nord, il a mobilisé des milliers de partisans lors de son dernier meeting, contrastant avec la faible affluence observée à celui du président sortant dans la même ville.
Le Conseil constitutionnel a jusqu’au 26 octobre pour proclamer les résultats définitifs. Maurice Kamto, principal opposant et arrivé deuxième en 2018, a vu sa candidature rejetée, ce qui suscite des doutes sur la crédibilité du scrutin. Human Rights Watch a exprimé ses inquiétudes quant à la transparence du processus.
Malgré un chômage estimé à 35 % dans les grandes villes et des difficultés persistantes liées au coût de la vie, à la santé et à l’éducation, une partie de la jeunesse se mobilise pour voter. Le politologue Akoa y voit « un signal positif, même si le changement semble encore timide ».
Le vote se tient dans un climat tendu, marqué par le conflit dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Plus de 55 000 observateurs, dont ceux de l’Union africaine, ont été accrédités. Le gouvernement met en garde contre toute tentative de publication parallèle des résultats, qu’il qualifie de « manipulation de l’opinion ».