Le Tchad pleure l’un de ses artistes et militants les plus engagés. Djasrabé Kimassoum, plus connu sous le nom de Ray’s Kim Edm, rappeur et porte-parole du parti Les Transformateurs, est décédé mardi 7 octobre 2025 des suites d’une longue maladie.
Révélé au public en 2007 lors du festival N’Djamena hip-hop, Ray’s Kim s’était rapidement imposé comme une voix contestataire. En 2010, il sort son premier album, Le Bilan, une œuvre percutante dénonçant les injustices sociales et la gouvernance du régime du président Idriss Déby Itno. En 2016, il s’affirme davantage avec Bunda phénomène, un album écrit dans l’argot de la rue, le bunda, qui lui vaut le surnom de « Bunda Boss ».
À partir de 2019, l’artiste met son talent et sa popularité au service de la politique en rejoignant Les Transformateurs, dirigé par Dr Succès Masra. Grâce à son éloquence et son influence auprès de la jeunesse, il devient porte-parole du parti. Mais cet engagement lui vaut persécutions et blessures. En 2021, il est touché par balle au genou lors des manifestations contre un cinquième mandat d’Idriss Déby Itno. En 2022, après les violentes répressions du 20 octobre, il est porté disparu avant de réapparaître quelques jours plus tard, contraint à l’exil.
De retour au pays à la faveur de l’Accord de Kinshasa signé en novembre 2023, Ray’s Kim est nommé membre du Conseil national de transition pour le compte de son parti. À la fin de son mandat, il tente un retour artistique avec le concert « Return to true love » organisé à N’Djamena en mars 2025, mais la maladie, déjà installée, affaiblit peu à peu l’artiste.
Très amaigri lors de sa dernière apparition publique en août, il suscitait déjà l’inquiétude et la compassion du public. Son décès laisse un grand vide au sein du monde culturel et politique tchadien.
Pour ses camarades des Transformateurs, Ray’s Kim symbolisait la fidélité et la résistance. « Il a combattu jusqu’au bout de ses forces sans trahir les idéaux du parti. Ce matin encore, il réclamait la libération de Dr Succès Masra », a confié Valéry Djasrabé, un responsable du mouvement.
Entre musique et engagement, Ray’s Kim aura marqué son époque comme la voix d’une génération révoltée mais porteuse d’espoir.