France : les enseignants se disent démotivés et peu reconnus, selon l’OCDE

 

Les enseignants français sont parmi les moins satisfaits et les moins reconnus au monde, révèle la dernière enquête Talis publiée le 7 octobre 2025 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Seuls 4 % estiment que leur métier est valorisé par la société, contre 20 % en moyenne dans l’OCDE.

Eric Charbonnier, spécialiste de l’éducation à l’OCDE, juge la situation « préoccupante », appelant à « rouvrir le chantier du métier d’enseignant » en France. Selon lui, les difficultés touchent à la fois la formation, la coopération entre enseignants et la satisfaction professionnelle.

L’étude, menée auprès de 280 000 enseignants dans 55 pays, dont près de 6 000 en France, montre que 79 % des enseignants français se disent satisfaits de leur profession, contre 90 % en moyenne dans l’OCDE. À peine plus d’un sur deux (54 %) estime que les avantages du métier dépassent ses inconvénients, le taux le plus faible de tous les pays étudiés.

Les enseignants français dénoncent notamment un manque criant de reconnaissance et de considération politique : seuls 4 % pensent que leur avis compte pour les décideurs. À cela s’ajoutent des salaires jugés insuffisants — 27 % de satisfaction au collège et 22 % en primaire, contre 40 % dans l’OCDE — et des conditions de travail de plus en plus difficiles.

Près de 80 % affirment faire face à des problèmes de discipline, consacrant 18 % de leur temps à rétablir l’ordre. Les classes se diversifient davantage, avec une hausse des élèves à besoins particuliers (de 42 % à 74 % depuis 2018) et des élèves réfugiés (de 44 % à 65 %).

Le stress s’installe aussi durablement : 18 % des enseignants déclarent en souffrir fortement, contre 11 % en 2018. Le poids des réformes, la charge administrative et la gestion de l’hétérogénéité figurent parmi les principales causes.

La formation initiale reste un point faible. Seuls 50 % des jeunes enseignants de collège et 34 % du primaire estiment avoir été bien préparés à la pratique pédagogique. Moins d’un sur dix (9 %) a reçu une formation sur l’intelligence artificielle en 2024.

Enfin, la coopération entre enseignants reste limitée : en France, elle ne représente que deux heures par semaine, contre trois à cinq heures ailleurs dans l’OCDE. Pour Eric Charbonnier, ces failles structurelles appellent une réforme profonde du système de formation et de valorisation du métier.

 

Partage:
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *