Le président malgache Andry Rajoelina a nommé, lundi 6 octobre 2025, le général Zafisambo Ruphin Fortunat Dimbisoa au poste de Premier ministre. Il succède à Christian Ntsay, en fonction depuis 2018. Cette nomination intervient deux semaines après la dissolution du gouvernement dans un contexte de violentes manifestations qui ont fait au moins 22 morts depuis le 25 septembre.
Dans son allocution, le chef de l’État a salué la compétence et la rigueur de son nouveau Premier ministre, lui confiant la mission de « restaurer et améliorer le fonctionnement du gouvernement ». Il a exhorté Zafisambo Ruphin à lutter contre la corruption et à produire « des résultats immédiats et tangibles dans la vie des Malgaches ». Rajoelina a aussi prévenu qu’il sera « strict » et qu’il ne tolérera « pas ceux qui entravent le développement du pays ».
Cette nomination intervient dans un climat de tension extrême. Depuis la fin septembre, Antananarivo, Antsirabé et Toamasina sont secouées par des manifestations massives liées aux coupures récurrentes d’eau et d’électricité. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, ces troubles ont fait au moins 22 morts et plus de 100 blessés. L’ONU dénonce une « réponse violente et non nécessaire » des forces de sécurité, certaines victimes ayant été atteintes par balle.
Le mouvement citoyen « Leo Délestage », porté par une jeunesse excédée, a cristallisé la colère populaire face à la crise énergétique et hydrique. En réaction, les autorités ont instauré un couvre-feu dans plusieurs villes.
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et l’Union africaine (UA) ont exprimé leur préoccupation. Le président de la Commission de l’UA, Mahmoud Ali Youssouf, a appelé à « la retenue et au dialogue », réaffirmant la volonté de l’organisation de soutenir Madagascar dans la recherche de solutions durables.
Malgré le changement de gouvernement, la situation reste tendue. La crise actuelle met en évidence les fragilités structurelles du pays, miné par la pauvreté, la mauvaise gouvernance et la défaillance des services publics essentiels.
« Madagascar est un pays que nous avons tous. Précieux pour moi, précieux pour toi. Notre objectif commun est de développer notre île bien-aimée », a déclaré Andry Rajoelina, concluant son message d’investiture sur un ton d’unité et d’espoir.