En Israël, les manifestations hebdomadaires continuent de cibler le Premier ministre Benyamin Netanyahu. Les familles des otages et les protestataires l’accusent d’avoir freiné les efforts de paix pour servir ses intérêts politiques. Mais avec le plan Trump pour Gaza et le retour annoncé des otages, le chef du gouvernement, au pouvoir depuis 2009, tente de redorer son image et de relancer sa carrière politique.
Samedi 4 octobre, dans un discours télévisé, Netanyahu a déclaré : « J’espère que dans les prochains jours, nous pourrons ramener tous nos otages. » Il a présenté le plan de paix américain comme le fruit d’un travail diplomatique de longue haleine, combiné à la pression militaire exercée sur le Hamas. Une version nuancée par le site américain Axios, selon lequel Donald Trump aurait lui-même convaincu Netanyahu d’accepter l’accord après plusieurs réticences.
Malgré cette annonce, la popularité du Premier ministre est en berne. D’après un sondage du journal Maariv réalisé le 3 octobre, seulement 51 % des Israéliens estiment qu’il reste le plus apte à diriger le pays. Son image, brièvement relancée après la guerre des douze jours contre l’Iran, s’est de nouveau affaiblie. La reprise des négociations à Charm el-Cheikh lui offre néanmoins une bouffée d’oxygène après des mois d’isolement diplomatique, accentué par la situation humanitaire catastrophique à Gaza.
Sur le plan intérieur, Netanyahu fait face à une tempête judiciaire. La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre lui pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. En Israël, il est jugé pour corruption, tandis qu’un scandale surnommé « Qatargate » alimente la colère populaire : des conseillers du Premier ministre auraient reçu de l’argent d’intérêts qataris pour influencer les médias. Dans ce contexte, le retour des otages constituerait pour lui une victoire politique cruciale.
Sur le plan diplomatique, Netanyahu cherche à ménager Washington. Ses relations avec Donald Trump se sont refroidies après des frappes israéliennes sur Doha, vivement critiquées par la Maison-Blanche. Le président américain exige désormais une issue rapide au conflit à Gaza et a averti le Hamas qu’aucun retard ne serait toléré dans l’application du plan de paix. Celui-ci prévoit un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages sous 72 heures, un retrait progressif de l’armée israélienne, le désarmement du Hamas et l’exil de ses combattants, avant une phase de reconstruction sans la participation du mouvement islamiste.
Mais ce plan risque de fragiliser la coalition gouvernementale. Les ministres ultranationalistes, hostiles à toute concession, menacent de se retirer si Netanyahu cède sur Gaza. À l’inverse, le chef de l’opposition Yaïr Lapid lui a proposé un soutien politique pour sécuriser l’accord.
À un an des élections législatives prévues au plus tard en 2026, Netanyahu refuse tout scrutin anticipé. Pourtant, dans les rues d’Israël, la défiance grandit. Sur les pancartes des manifestations du samedi soir, on peut lire un message ironique : « Merci Trump ».