À Assilah, le 46e Forum culturel international a consacré un panel à la vision stratégique du Maroc pour l’Afrique Atlantique. Diplomates et experts y ont débattu de cette initiative royale qui vise à faire de l’espace atlantique africain un acteur de la gouvernance mondiale et un levier d’intégration économique.
La démarche repose sur deux volets : l’intégration de 23 pays riverains de l’Atlantique et le désenclavement de quatre États sahéliens sans accès à la mer (Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali). Selon Tarik Iziraren, secrétaire permanent du Processus des États africains atlantiques, elle incarne « la consécration de la vision du Roi Mohammed VI » et bénéficie d’un « leadership accepté » par les pays concernés.
L’architecture institutionnelle comprend un organe directeur composé des ministres des Affaires étrangères, des groupes de travail thématiques et un secrétariat permanent. La première réunion ministérielle hors du Maroc s’est tenue au Cabo Verde, et de prochaines rencontres sont prévues au Bénin, en Mauritanie et au Cameroun.
Cette stratégie repose sur trois piliers : sécurité face aux menaces transfrontalières, intégration économique à travers des projets comme le gazoduc Maroc-Nigeria et le développement de grands ports, et développement durable pour créer croissance et emplois.
Pour Mohammed Loulichki, Senior Fellow au Policy Center for the New South, « l’océan Atlantique est désormais au cœur des mutations géopolitiques mondiales », et le Maroc s’y positionne comme acteur majeur grâce à ses investissements en Afrique, son rôle dans les énergies renouvelables et sa plateforme commerciale.
Les experts ont toutefois mis en garde contre un « régionalisme fragmenté » lié aux divergences entre États africains. D’où l’importance d’une mutualisation des moyens pour gérer un espace maritime de 13 millions de km².
Au terme des débats, les participants ont insisté sur l’objectif de rompre avec le schéma donateur-bénéficiaire pour bâtir une coopération gagnant-gagnant. Le Processus des États africains atlantiques sera mis en avant en 2026 lors du Salon international des ports au Maroc, marquant une nouvelle étape vers un ordre maritime africain intégré.