La Marine nationale française a saisi 9,6 tonnes de cocaïne, évaluées à 519 millions d’euros, au large de l’Afrique de l’Ouest. Cette opération, présentée comme l’une des plus importantes dans la région, inflige un coup sévère aux réseaux internationaux et confirme le rôle stratégique de la zone dans le trafic mondial de stupéfiants.
L’intervention a eu lieu le 22 septembre 2025, en haute mer, sur un navire de pêche sans pavillon. Deux bâtiments français engagés dans l’opération Corymbe ont intercepté la cargaison sous la direction du préfet maritime de l’Atlantique et du procureur de la République de Brest. L’action s’est appuyée sur l’article 110 de la Convention de Montego Bay, après exploitation de renseignements fournis par la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED).
Cette saisie exceptionnelle a été rendue possible grâce à une coopération internationale réunissant la DNRED, le Maritime Analysis and Operations Centre (Narcotics), l’Office antistupéfiants (OFAST) et la National Crime Agency britannique (NCA), soulignant l’efficacité du travail conjoint dans la lutte antidrogue.
Elle intervient dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest est devenue un carrefour majeur du trafic de cocaïne. D’après un rapport de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime, la région sert de hub de transit vers l’Europe. Des groupes criminels des Balkans occidentaux, en lien avec le PCC brésilien, exploitent ports et infrastructures en Guinée-Bissau, au Sénégal et en Sierra Leone, tandis que des clans monténégrins et albanophones basés à Dubaï utilisent la zone pour alimenter l’Europe, l’Asie et l’Australie.
Le rapport met aussi en garde contre la vulnérabilité des ports ouest-africains, l’usage croissant de l’aviation pour le transport de drogue et l’augmentation de la consommation locale. La part de cocaïne transitant par la région pourrait représenter jusqu’à 50 % de la consommation européenne d’ici 2030, avec le port de Dakar identifié comme principal point de sortie vers l’Europe, notamment l’Espagne.
Cette opération illustre l’importance stratégique de la présence française dans le golfe de Guinée à travers l’opération Corymbe. Les bâtiments de la Marine, dotés d’hélicoptères embarqués et d’une forte capacité de réaction, contribuent à la sécurisation maritime et à la lutte contre la piraterie et le trafic de stupéfiants, en étroite collaboration avec les marines africaines dans le cadre du processus de Yaoundé.