À l’occasion de la 80ᵉ assemblée générale des Nations Unies à New York, Emmanuel Macron a annoncé la reconnaissance par la France de l’État de Palestine, quelques jours après le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie. Pour le frère dominicain Jean-Jacques Pérennès, ancien directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, cette décision arrive « bien tard ».
Selon lui, « cela fait 70 ans que la Palestine a été divisée ». Les tentatives de négociation, notamment les Accords d’Oslo en 1993, ont été entravées par des sabotages et un manque de leadership. Aujourd’hui, « Gaza est irrémédiablement détruite » et la Cisjordanie, fragmentée par la présence de 700 000 à 800 000 colons israéliens, ne peut plus constituer un territoire continu. La viabilité d’un État palestinien est donc fragile, même si symboliquement, la reconnaissance reste importante pour réaffirmer le droit et le respect du droit international.
Frère Pérennès estime que cette reconnaissance n’ouvre pas de perspective réaliste pour un projet de deux États. Israël refuse cette solution, et les États-Unis continuent de soutenir le pays, notamment au Conseil de sécurité.
Sur le terrain, cette décision ne changera pas directement le quotidien des communautés chrétiennes en Terre Sainte, dont le rôle est avant tout d’assurer « une présence d’amitié et de réconciliation ». Il encourage cependant les chrétiens à renouer avec la solidarité concrète : visiter les communautés palestiniennes, soutenir des projets agricoles, associatifs et humanitaires, et entretenir le lien avec les habitants de Jérusalem, Bethléem ou Nazareth. « Rester et tenir, c’est déjà un pari », souligne-t-il, dans un geste de foi et d’espérance.