Libye : dix ans après Kadhafi, le pétrole alimente toujours le chaos

 

Plus d’une décennie après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye reste minée par l’instabilité politique et l’avidité autour de ses ressources pétrolières. Le cessez-le-feu de 2020 a fait taire les armes sans résoudre les fractures internes. Les Libyens continuent de vivre dans l’insécurité, la pauvreté et la corruption, sous la menace permanente d’un retour aux combats.

Le pays demeure divisé entre deux gouvernements rivaux : à Tripoli, l’exécutif d’Abdul Hamid Dbeibeh, reconnu par l’ONU, et à Benghazi, celui soutenu par le maréchal Khalifa Haftar et la Chambre des représentants. Cette dualité bloque tout processus électoral, empêche la mise en place d’institutions légitimes et nourrit la méfiance. L’ingérence de puissances étrangères, chacune appuyant son camp, accentue la fragmentation.

Avec près de 48 milliards de barils de réserves, la Libye détient l’un des plus importants gisements pétroliers d’Afrique. Mais au lieu d’être un levier de reconstruction, l’or noir entretient les conflits. Contrôlés par des milices, les champs pétroliers financent des clientèles politiques et profitent davantage à des intérêts étrangers qu’aux citoyens libyens.

Depuis l’échec du scrutin prévu en décembre 2021, faute d’accord sur la loi électorale et la validation des candidatures, aucune élection nationale crédible n’a été organisée. Les Libyens restent privés de représentation politique et voient leur avenir confisqué.

Les initiatives de médiation menées par l’ONU et d’autres acteurs internationaux peinent à progresser. L’avenir de la paix repose sur la capacité des dirigeants libyens à surmonter les clivages, établir un cadre électoral consensuel et réorienter les revenus pétroliers vers la reconstruction. En attendant, la Libye reste enfermée dans un paradoxe : riche en ressources, mais pauvre en stabilité, en unité et en perspectives.

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