Éthiopie : le GERD, fierté africaine et moteur de transformation

 

L’inauguration du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD), célébrée mardi à Addis-Abeba, marque un tournant historique pour l’Afrique. Érigé sur le Nil Bleu après quatorze ans de travaux et financé sans dette extérieure, ce projet de 5 milliards de dollars est désormais la plus grande centrale hydroélectrique du continent, avec une capacité de production de plus de 5 000 mégawatts.

Pour l’Éthiopie, où près de 60 millions de personnes vivent encore sans électricité, le barrage promet de doubler l’approvisionnement national et de transformer l’économie. Les industries, souvent freinées par des coupures, devraient bénéficier d’un approvisionnement stable, tandis que l’excédent énergétique est déjà convoité par les voisins, notamment le Kenya, prêt à conclure un accord d’achat d’électricité.

Salué comme une prouesse d’ingénierie, le GERD est également perçu comme un symbole d’unité et d’émancipation africaine. Le président kényan William Ruto l’a décrit comme une affirmation de la capacité du continent à mobiliser ses propres ressources. Son homologue sud-soudanais, Salva Kiir, y voit un patrimoine régional, tandis que le président somalien Hassan Mohamud a appelé à en faire un outil de fraternité et de partage des richesses.

Mais ce succès suscite aussi des inquiétudes. L’Égypte et le Soudan redoutent une menace pour leur sécurité hydrique. Addis-Abeba assure pourtant que le barrage vise le développement de toute la région. Le Premier ministre Abiy Ahmed a insisté sur son rôle moteur pour la croissance socio-économique de l’Afrique de l’Est.

Au-delà des controverses, le GERD cristallise l’espoir d’un avenir où l’Afrique s’appuie sur ses propres moyens pour bâtir sa prospérité. Sur les réseaux sociaux, il est présenté comme « l’Adwa de l’ingénierie », en référence à la victoire historique de l’Éthiopie contre l’invasion italienne en 1896. Pour beaucoup, ce projet incarne la résilience, l’audace et la conviction qu’une nation africaine peut tracer sa voie sans dépendre des modèles imposés de l’extérieur.

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