Le Népal traverse l’une des plus graves crises de son histoire récente. En deux jours, Katmandou et plusieurs villes du pays ont sombré dans un climat d’émeutes. Parlement incendié, affrontements armés, ministres évacués, hôtels réduits en cendres : la colère d’une jeunesse excédée par la corruption et le chômage a fait basculer le pays dans le chaos.
Tout a commencé le 4 septembre, avec le blocage de 26 plateformes de réseaux sociaux. Cette décision a été perçue par les jeunes comme un acte de censure et un symbole d’oppression. Rapidement, les hashtags #NepoKid et #NepoBaby ont émergé, visant les enfants de politiciens accusés de vivre dans le luxe tandis que près de 2000 jeunes Népalais partent chaque jour chercher du travail à l’étranger.
Lundi, la contestation a atteint son paroxysme. Des milliers de manifestants, souvent étudiants, ont affronté la police devant le Parlement. La répression a été sanglante : tirs à balles réelles, gaz lacrymogènes et canons à eau ont causé au moins 19 morts et plusieurs centaines de blessés. En riposte, des groupes de jeunes ont incendié le Parlement, attaqué le siège du Congrès népalais et saccagé des résidences de figures politiques. Plusieurs responsables ont été évacués d’urgence, et des rumeurs évoquent la mort de l’épouse de l’ancien Premier ministre Jhala Nath Khanal dans l’incendie de sa maison.
Sous pression, le Premier ministre Khadga Prasad Oli, 73 ans, a annoncé sa démission, suivi par trois ministres, dont celui de l’Intérieur. Mais cette décision n’a pas suffi à calmer la rue. Le maire de Katmandou, Balendra Shah, proche de la jeunesse, appelle à la retenue, tandis que les manifestants exigent des réformes profondes et la fin d’un système politique jugé corrompu et déconnecté.
La crise alarme la communauté internationale. L’ONU appelle au dialogue et l’Inde, partenaire stratégique du Népal, insiste sur l’importance de la stabilité régionale. Dans un contexte d’absence de majorité claire, la mise en place d’un gouvernement intérimaire impliquant des représentants de la jeunesse est envisagée.
Le pays est désormais à la croisée des chemins : soit la colère des jeunes ouvre la voie à un renouveau politique, soit elle plonge encore davantage le Népal dans la violence et l’instabilité. Pour les habitants de Katmandou, le quotidien oscille entre peur, destruction et espoir d’un avenir différent.