Bénin – La grande illusion : comment Boni Yayi manipule ses lieutenants

 

L’opposition béninoise tarde toujours à clarifier sa stratégie pour la présidentielle de 2026. Aucun duo officiellement présenté, aucune ligne de campagne cohérente : seulement des rumeurs, des promesses en cascade et une confusion savamment entretenue.

Derrière ce brouillard politique, un homme : Thomas Boni Yayi, ancien président et figure tutélaire du parti Les Démocrates. Officiellement, il multiplie les consultations, appelle au rassemblement et se présente comme le ciment de l’opposition. Officieusement, il semble avoir fait du mensonge une méthode de gestion, promettant le même poste stratégique de colistier à plusieurs de ses lieutenants, tout en travaillant en coulisses à une option familiale.

Des promesses en cascade

Selon plusieurs sources concordantes, Boni Yayi aurait tour à tour fait miroiter la vice-présidence à plusieurs figures de l’opposition :
• Nourou Dine Saka Saley (NDSS), l’ambitieux ;
• Dr Guy Mitokpè, apprécié des militants de terrain ;
• Me Renaud Agbodjo, stratège des batailles judiciaires ;
• Kamel Wassangari, jeune parlementaire prometteur ;
• Célestine Zannou, doyenne respectée et voix féminine du parti ;
• Apollinaire Avognon, issu du NFN.

Chacun, à un moment donné, a cru bénéficier de la confiance du « père fondateur ». Mais la multiplication de ces promesses contradictoires dessine un schéma clair : flatter les ambitions, nourrir les ego, maintenir chaque prétendant en haleine… pour mieux conserver la main sur le processus.

L’ombre d’un projet dynastique

Car derrière ce jeu d’illusions se profilerait un scénario plus personnel. Plusieurs indiscrétions évoquent désormais un choix qui n’a rien de symbolique : Rachelle Yayi, la fille de l’ancien président, pressentie comme colistière officielle.

Si cette hypothèse venait à se confirmer, elle traduirait moins une volonté de rassemblement qu’un réflexe dynastique. Une perspective qui alimente déjà un profond malaise chez nombre de cadres de l’opposition, certains parlant sous couvert d’anonymat de « grande illusion orchestrée par Yayi ».

 

Une opposition fragilisée

Loin de consolider son camp, la stratégie de Boni Yayi sème la méfiance. Les jeunes leaders, d’abord galvanisés par la perspective d’être choisis, se découvrent dupés. Résultat : alliances fragilisées, rancunes persistantes, rivalités exacerbées.

Dans un contexte où l’électorat attend clarté et renouveau, ce brouillage donne l’image d’une opposition prisonnière de calculs personnels. Pendant ce temps, la mouvance présidentielle avance, disciplinée et déjà alignée derrière son candidat.

Le prix d’un jeu dangereux

En multipliant les promesses irréalisables et en semblant préparer un verrouillage familial, Boni Yayi prend le risque de fracturer irrémédiablement son camp. Ce qui devait être une stratégie de contrôle se transforme en bombe à retardement.

À force de manipuler ses lieutenants, l’ancien président pourrait bien précipiter l’opposition dans le piège qu’il redoute le plus : l’éparpillement, la division et, in fine, la défaite.

Dans quelques jours, l’histoire retiendra peut-être que la première bataille de l’opposition ne s’est pas jouée contre la mouvance présidentielle, mais contre elle-même, piégée dans la grande illusion tissée par Boni Yayi.

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