L’Ethiopie inaugure le Grand Barrage de la Renaissance malgré les tensions régionales

 

L’Ethiopie a inauguré le Grand Barrage de la Renaissance (GERD), gigantesque ouvrage hydroélectrique construit sur le Nil bleu. Évalué à 4,2 milliards de dollars, doté d’une capacité de 74 milliards de m³ d’eau et de 5 150 mégawatts d’électricité, ce projet est le plus ambitieux jamais entrepris en Afrique.

La cérémonie s’est tenue en présence de plusieurs dirigeants africains, dont les présidents de Djibouti, du Soudan du Sud, de Somalie et du Kenya. En revanche, les chefs d’État égyptien et soudanais, farouchement opposés au projet, étaient absents. Depuis 2011, Le Caire et Khartoum dénoncent une menace pour leur sécurité hydrique et exigent un accord juridiquement contraignant avant toute mise en eau, une demande rejetée par Addis-Abeba.

Le Premier ministre Abiy Ahmed a assuré que l’objectif du barrage n’est pas de nuire à ses voisins, mais de soutenir la croissance économique et l’amélioration des conditions de vie dans la Corne de l’Afrique. Il a rappelé que l’ouvrage a été financé exclusivement par des ressources nationales, des campagnes de collecte de fonds et des contributions citoyennes.

L’inauguration intervient après l’achèvement du cinquième remplissage en octobre 2024, portant le réservoir à sa pleine capacité. Désormais opérationnel, le GERD devrait doubler la production électrique éthiopienne, dont une partie sera exportée vers les pays voisins.

Les experts estiment que ce barrage transformera le paysage économique de l’Éthiopie, où près de 60 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Il devrait aussi attirer des investissements, relancer les industries et renforcer la position d’Addis-Abeba comme acteur énergétique majeur du continent.

Malgré un retard de sept ans et des pertes financières liées à la mise en service progressive, l’Éthiopie voit dans le GERD un levier stratégique pour s’imposer comme puissance industrielle dans la région, au prix d’un bras de fer diplomatique toujours vif avec l’Égypte et le Soudan.

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