Zambie : HRW dénonce le commerce illégal de déchets toxiques à Kabwe

 

Human Rights Watch (HRW) alerte sur un grave danger sanitaire à Kabwe, en Zambie, où une société sud-africaine est accusée de commercialiser des déchets toxiques issus d’une ancienne mine de plomb. Cette activité exposerait fortement les populations locales, notamment les enfants.

Selon HRW, Enviro Processing Limited (EPL), filiale du groupe sud-africain Jubilee Metals, fournit des résidus plombifères de l’ancienne mine de Kabwe — l’un des sites les plus pollués au monde — à des entreprises locales et étrangères pour l’extraction du zinc.

Juliane Kippenberg, directrice adjointe des droits de l’enfant à HRW, a dénoncé jeudi « une pratique qui met gravement en péril la santé des enfants », soulignant la responsabilité du gouvernement zambien dans l’application des lois minières et environnementales.

Un avenant contractuel de février 2025, révélé par l’organisation, lie EPL à la société zambienne Chitofu General Dealers et à l’entreprise chinoise Union Star Industry pour la vente de « résidus de zinc ». Le document ne mentionne pas la présence de plomb, alors que des études géologiques en confirment la toxicité. Des camions portant l’inscription « Chitofu » ont encore été observés en juillet en train de transporter ces déchets hors du site.

Chitofu, dont les propriétaires sont réputés proches du parti au pouvoir, l’UPND, est au centre des soupçons de favoritisme. En mai, des factions rivales de ce même parti se seraient affrontées à Kabwe pour le contrôle de ces résidus. Malgré la suspension de plusieurs entreprises chinoises pour non-respect des normes environnementales, le gouvernement n’a pris aucune mesure contre EPL, Chitofu ou Union Star Industry, renforçant les inquiétudes sur une application sélective des lois.

HRW demande la suspension immédiate des activités liées aux déchets de plomb sur la concession d’EPL, l’ouverture d’enquêtes sur les liens politiques de Chitofu et des sanctions contre tous les acteurs impliqués, quelle que soit leur appartenance politique.

L’alerte intervient alors que Kabwe reste l’un des foyers de pollution les plus graves d’Afrique. L’ancienne mine de plomb et de zinc, fermée en 1994 sans travaux de dépollution, a laissé derrière elle la « Montagne Noire », une masse de résidus toxiques. Les experts estiment que plus de 95 % des enfants vivant à proximité souffrent d’une plombémie élevée, dont la moitié nécessiterait un traitement médical urgent.

 

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