Le gouvernement malien a saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) contre l’Algérie, après la destruction d’un drone militaire dans la région de Kidal, qu’il considère comme un acte d’agression.
Dans un communiqué diffusé le 4 septembre 2025, Bamako accuse Alger d’avoir « prémédité » la destruction, dans la nuit du 31 mars au 1er avril, d’un drone de reconnaissance immatriculé TZ-98D à Tinzaouatène, dans le nord du Mali. Malgré plusieurs requêtes adressées dès le 6 avril, les autorités maliennes affirment n’avoir reçu aucune réponse d’Alger concernant une éventuelle violation de son espace aérien.
La Transition malienne estime que cet incident constitue une violation de la Charte des Nations Unies, de l’Acte constitutif de l’Union africaine et du Pacte de non-agression et de défense commune. Elle dénonce également une « collusion » entre l’Algérie et certains groupes armés terroristes, accusant Alger d’entraver les opérations de l’armée malienne dans le Sahel.
Bamako entend, par cette procédure, rappeler la nécessité pour les États « accusés de soutenir le terrorisme » de renoncer à toute action qui menace la sécurité régionale et d’œuvrer de bonne foi à la stabilité et au développement du Sahel.
Cet incident avait déjà conduit le Mali à saisir le Conseil de sécurité de l’ONU en avril 2025. Son ambassadeur, Issa Konfourou, y avait qualifié la destruction du drone de « provocation délibérée » et demandé que la plainte soit inscrite comme document officiel. Dans le même temps, une enquête judiciaire avait été ouverte à Bamako pour terrorisme, association de malfaiteurs, détention d’armes de guerre, financement du terrorisme et complicité.
Depuis, les tensions entre les deux voisins se sont aggravées : fermeture réciproque de l’espace aérien, suspension des vols d’Air Algérie vers Bamako, rappel des ambassadeurs, et escalade diplomatique impliquant la Confédération des États du Sahel (AES). Alger reproche au Mali des incursions répétées en 2024, tandis que Bamako accuse son voisin de soutenir des groupes armés opérant dans le nord.
Cette crise s’inscrit dans un contexte plus large de brouille diplomatique, marqué par la rupture en 2022 entre Bamako et Paris sur la coopération militaire, qui avait mis fin aux opérations Serval et Barkhane dans la région.