Le Maroc, malgré un potentiel scientifique reconnu, fait face à un problème récurrent : la prolongation excessive de la durée des thèses doctorales. Alors que la réglementation fixe le doctorat à quatre ans, de nombreux étudiants voient leur parcours s’étendre à cinq, six ans, voire plus. Ce retard compromet la production scientifique nationale et freine la compétitivité internationale.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Le premier est financier : les bourses, indispensables pour les doctorants, sont souvent versées en retard, obligeant certains à suspendre temporairement leurs recherches pour subvenir à leurs besoins. À cela s’ajoutent des infrastructures limitées : laboratoires sous-équipés, accès restreint aux bases de données internationales et conditions matérielles insuffisantes pour une recherche de pointe.
L’encadrement académique constitue un autre obstacle majeur. Le suivi scientifique est jugé insuffisant et les conseils méthodologiques inadéquats. Les programmes doctoraux ne s’alignent pas toujours sur les standards internationaux, que ce soit pour la conception des problématiques, la méthodologie ou la publication d’articles. Les corrections lourdes avant soutenance allongent encore la durée des thèses.
Les disciplines sont touchées différemment. En sciences humaines et sociales, la collecte de données et l’accès aux documents ralentissent les travaux. En sciences expérimentales, les retards d’approvisionnement en matériel perturbent les expériences. Les ingénieries souffrent de l’absence d’infrastructures modernes pour créer des prototypes, tandis que la recherche médicale fait face à des contraintes liées à l’accès aux patients.
Cette situation ralentit l’ensemble de la dynamique scientifique nationale. Les laboratoires saturés par des doctorants en prolongation réduisent leur capacité d’accueil pour les nouvelles promotions. Selon les analystes, seulement 6 à 10 % des étudiants obtiennent leur doctorat dans les délais réglementaires. Ce retard limite la visibilité internationale du Maroc et freine son ambition de se positionner parmi les nations à forte production scientifique et innovante.