Cinq ans après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, le Mali reste sous le contrôle des militaires à l’origine du coup d’État. La transition, prolongée à plusieurs reprises, se caractérise par des réformes institutionnelles, des tensions politiques et diplomatiques et une insécurité persistante.
Après la chute d’IBK, une transition civile conduite par Bah N’Daw et Moctar Ouane avait été mise en place en septembre 2020. Elle a pris fin en mai 2021 lorsque les militaires ont consolidé leur pouvoir et nommé Assimi Goïta à la tête de l’État. Depuis, une nouvelle Constitution a été adoptée en juillet 2023, établissant un régime présidentiel renforcé, les partis politiques ont été dissous en mai 2025 et la Charte de la transition révisée en juillet 2025 fixe un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable sans limite jusqu’à la pacification du pays. Le 30 juillet 2025, une Charte nationale pour la paix et la réconciliation a été promulguée, remplaçant l’Accord d’Alger. Les principaux dirigeants du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) ont été promus généraux en 2024, renforçant leur position au sommet de l’État.
En matière électorale, un projet d’ordonnance adopté en août 2025 modifie la loi de 2022, élargit la période de révision des listes électorales et assouplit les conditions d’inscription, mais aucun calendrier des scrutins n’a été annoncé, maintenant l’incertitude.
La scène politique reste tendue : début août, onze personnes, dont le Français Yann Vezilier et plusieurs officiers maliens, ont été arrêtées pour un complot présumé. L’ancien Premier ministre Choguel Maïga, remplacé en décembre 2024 par le général Abdoulaye Maïga, a été placé en garde à vue pour malversations présumées.
Sur le plan international, le Mali a rompu sa coopération militaire avec la France et s’est rapproché de la Russie. Avec le Burkina Faso et le Niger, il a fondé l’Alliance des États du Sahel, devenue Confédération en juillet 2024, et s’est retiré de la Cédéao en janvier 2025. Les relations avec l’Algérie se sont détériorées après l’abattage d’un drone malien début avril 2025.
La situation sécuritaire reste critique. Les Forces armées maliennes (FAMa) poursuivent leurs opérations dans le nord et le centre, notamment l’opération « Dougoukolokô » en avril 2025 et des interventions contre le JNIM en juillet. Elles ont également arrêté des cadres de l’État islamique au Sahel, mais la menace persiste, selon l’ONU.
À l’occasion du cinquième anniversaire du putsch, le Mali demeure dans une transition militaire sans calendrier électoral précis, avec des violences et des tensions régionales qui entretiennent l’incertitude sur l’avenir politique du pays.