Maroc : une vague judiciaire inédite secoue les réseaux de corruption

 

Le Parlement marocain traverse une crise judiciaire sans précédent, avec une trentaine de députés, soit près de 8 % des élus, visés par des poursuites pour corruption, détournement de fonds publics ou abus de pouvoir. Cette offensive touche à la fois la majorité et l’opposition, révélant une volonté d’assainissement plus large qui s’étend également au secteur immobilier et au système judiciaire.

Selon des données de Jeune Afrique, seize députés de la coalition au pouvoir et quatorze issus de l’opposition sont concernés. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), pilier du gouvernement, compte huit parlementaires mis en cause, dont Mohamed Boudrika, incarcéré pour malversations financières, et Rachid El Fayek, condamné à cinq ans de prison pour traite d’êtres humains et viol sur mineur. Le Parti authenticité et modernité (PAM) n’est pas épargné, avec quatre élus impliqués dans l’affaire dite du « Pablo Escobar du Sahara », notamment Saïd Naciri. Au sein de l’Istiqlal, Mohamed Karimine, maire de Bouznika, a été condamné à sept ans pour dilapidation de fonds publics.

Cette campagne s’inscrit dans un effort plus vaste visant à éradiquer la corruption, qui frappe désormais aussi la justice elle-même. À Tétouan, plusieurs magistrats et avocats ont été condamnés pour vente de jugements, soulignant la détermination à démanteler les réseaux corrompus au-delà des sphères politiques.

Ce mouvement, parfois qualifié de « mains propres à la marocaine », cible notamment des secteurs longtemps opaques, comme l’immobilier, où s’entremêlent intérêts économiques et politiques. Il reflète une stratégie affichée : restaurer l’autorité de l’État et reconquérir la confiance d’une opinion publique fatiguée par la multiplication des scandales.

Toutefois, une interrogation demeure : cette offensive marque-t-elle le début d’une réforme profonde des pratiques politiques et administratives, ou s’agit-il d’un épisode spectaculaire sans changement structurel durable ?

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