Le « madd » de Casamance, fruit sauvage emblématique du sud du Sénégal, bénéficie depuis le 25 juin 2024 d’une protection officielle en tant que première indication géographique sénégalaise reconnue par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle. Cette reconnaissance, annoncée par la FAO, garantit que seule la production provenant de la zone définie et respectant un cahier des charges strict peut porter ce nom.
Le processus, mené pendant huit ans par la FAO avec l’appui du CIRAD, de l’OMPI et de l’ONG locale ETDS, a mobilisé les producteurs regroupés au sein de l’APPIGMAC. L’initiative vise à préserver l’authenticité du produit, à renforcer la traçabilité et à offrir aux producteurs une meilleure valorisation sur le marché.
Riche en vitamines A et C ainsi qu’en antioxydants, le « madd » pousse sur des lianes accrochées à des arbres pouvant dépasser 40 mètres, souvent dans les bois sacrés de Basse-Casamance. Aujourd’hui, seulement 2 % de la récolte est transformée, le reste étant consommé frais. La nouvelle indication géographique permet déjà une hausse des prix d’environ 20 % sur certains marchés, tout en élargissant les débouchés des cueilleurs comme Mamadou Baldé, actif depuis 2020.
Le cahier des charges impose des règles environnementales strictes : interdiction de couper les lianes, de cueillir les fruits immatures ou d’utiliser des méthodes artificielles de maturation. La transformation doit se faire dans un rayon de 200 kilomètres autour de la zone de cueillette. L’Office sénégalais des forêts et les comités villageois travaillent ensemble à la gestion durable de cette ressource, incluant cartographie, lutte contre les feux et reboisement.
Ce label s’inscrit dans un mouvement plus large de valorisation des produits africains par les indications géographiques, aux côtés de références comme le poivre de Penja au Cameroun ou l’attiéké des lagunes en Côte d’Ivoire.