Des civils déplacés au Soudan subissent des menaces de mort de la part de milices qui promettent de les traquer partout où ils se réfugient, a rapporté le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Selon Jocelyn Elizabeth Knight, chargée de protection au HCR, plusieurs personnes ont relaté que, en fuyant le camp de Zamzam, des hommes armés leur criaient de fuir en les poursuivant de manière menaçante.
Un enfant, interrogé à Genève, a exprimé sa peur constante des attaques nocturnes dans les abris du HCR, un témoignage représentatif des traumatismes subis par de nombreux jeunes.
La situation est particulièrement dramatique au Darfour, où de nombreux déplacés vivent dans des bâtiments publics délabrés, avec un accès restreint à l’eau et à l’assainissement. De nouvelles attaques et déplacements sont signalés dans cette région et au Kordofan, aggravant une crise déjà sévère.
Le conflit, qui oppose depuis avril 2023 les Forces armées soudanaises (SAF) aux Forces de soutien rapide (FSR), empêche la distribution d’aide humanitaire. Avec la saison des pluies, les routes deviendront impraticables pendant des mois, compliquant davantage l’acheminement des secours et affectant les activités agricoles, renforçant la menace de famine.
Plus de 873 000 réfugiés soudanais ont fui vers le Tchad voisin, qui accueille aujourd’hui la plus grande population de réfugiés soudanais au monde. Dans l’est du Tchad, un réfugié sur trois est soudanais.
Par ailleurs, une épidémie de choléra se propage rapidement au Soudan, avec près de 100 000 cas recensés depuis juillet. Le camp de réfugiés de Dougui, dans l’est du Tchad, dénombre plusieurs centaines de cas et plusieurs décès. L’OMS appelle à une action urgente.
Face à cette urgence, le HCR a suspendu les relocalisations aux frontières et sollicite 130 millions de dollars pour fournir une aide vitale à 800 000 personnes et déplacer 239 000 réfugiés hors des zones frontalières.
En outre, le conflit a laissé de nombreux restes explosifs de guerre dans des zones urbaines très peuplées, notamment à Khartoum, où six champs de mines, dont trois antipersonnel, ont été identifiés. Ces munitions non explosées représentent un danger majeur pour les civils.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) lance un appel urgent à la communauté internationale pour maintenir le Soudan au cœur de ses priorités, soulignant qu’un financement insuffisant (23 % seulement du plan humanitaire) compromet gravement la réponse aux besoins. Selon OCHA, seulement 55 centimes par personne et par jour sont nécessaires pour sauver des vies.
Enfin, la directrice du plaidoyer d’OCHA insiste sur la nécessité d’une trêve durable afin de mettre fin à ce conflit meurtrier et dévastateur, qui détruit les vies et les moyens de subsistance des populations.