Succès Masra, ancien Premier ministre de transition et figure de l’opposition tchadienne, a comparu ce mercredi 6 août devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de N’Djaména. Il est poursuivi pour des accusations graves, notamment diffusion de messages à caractère raciste et xénophobe, association de malfaiteurs, assassinats et complicité. Ce procès, tenu sous haute sécurité, intervient dans un contexte politique tendu au Tchad.
La chambre d’accusation avait décidé, le 30 juillet, de le renvoyer devant la juridiction criminelle, décision aussitôt contestée par son avocat, Me Saïd Larifou. Ce dernier dénonce une affaire « vide de preuves », fondée sur une procédure qu’il juge « arbitraire » et motivée politiquement. Il appelle à la vigilance de la communauté internationale et demande le respect des droits de la défense.
L’affaire est liée aux affrontements meurtriers survenus le 14 mai 2025 à Mandakao, dans le Logone Occidental. Ces violences intercommunautaires ont fait officiellement 76 morts. Les autorités accusent Masra d’avoir incité à la haine, soutenu des bandes armées et participé indirectement aux assassinats. Son arrestation a été annoncée peu après les faits.
Aujourd’hui, la Cour suprême est sous surveillance renforcée, et les journalistes sont tenus à l’écart. Plusieurs organisations de la société civile s’inquiètent du manque de transparence autour du procès et craignent que la procédure ne vienne attiser les tensions politiques. Certaines voix réclament sa libération au nom de la stabilité nationale.