Au cœur de la province du Henan, dans un décor naturel entourant le mont Song, se trouve le célèbre monastère Shaolin, un haut lieu du bouddhisme et du kung-fu chinois vieux de plus de 1 500 ans. Reconnue mondialement pour son enseignement des arts martiaux et son héritage spirituel, cette institution attire chaque année des visiteurs et adeptes venus du monde entier, de Richard Nixon à Vladimir Poutine, jusqu’à la récente visite du basketteur français Victor Wembanyama.
Pourtant, derrière l’image paisible et spirituelle du temple, le calme a été brisé. Shi Yongxin, l’abbé en charge depuis 1999, a été arrêté récemment, soupçonné de graves manquements. L’homme de 60 ans fait face à des accusations sérieuses, comprenant détournement de fonds, abus de biens publics, violation des principes bouddhistes, ainsi que des relations controversées avec plusieurs femmes.
Au cours de ses 26 ans à la tête du temple, Shi Yongxin a profondément transformé l’institution. Il a largement contribué à la notoriété internationale du Shaolin, mais aussi à sa commercialisation, en capitalisant sur la marque « Shaolin » pour créer un véritable empire économique. Ce dernier s’étendait bien au-delà des arts martiaux, englobant l’immobilier, la santé, le tourisme, la bijouterie et même des produits alimentaires, comme des biscuits vegan. Ces activités ont généré des revenus dépassant les 60 millions d’euros annuels, avec le moine principal détenant 80% du capital social.
Malgré plusieurs enquêtes précédentes restées sans suite, le « moine-PDG » a finalement été mis en cause, provoquant une onde de choc en Chine. L’affaire a largement circulé sur les réseaux sociaux du pays, dépassant les 500 millions de vues, et a entraîné un changement rapide à la tête du temple. Le nouveau successeur aura à méditer sur cette leçon : l’apparence ne suffit pas à garantir la vertu.
