Algérie : la répression étouffe la liberté d’expression

 

Depuis 2020, l’Algérie connaît une dérive autoritaire inquiétante, marquée par la répression systématique des voix dissidentes. Selon Le Matin d’Algérie, plus de 250 détenus d’opinion sont aujourd’hui emprisonnés, tandis que la justice est de plus en plus utilisée comme un instrument politique pour faire taire les critiques du régime.

L’article 87 bis du Code pénal, initialement destiné à lutter contre le terrorisme, est détourné pour criminaliser des actions pacifiques : publications sur les réseaux sociaux, participation à des manifestations ou simples déclarations critiques. Des figures connues, comme Mohamed Tadjadit, surnommé « le poète du Hirak », ou encore l’avocat Abdelghani Badi, font les frais de cette dérive, entre incarcérations et restrictions de liberté.

La presse indépendante est également visée. Ihsane El Kadi, directeur de Radio M, a été condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État ». Des médias publics et privés comme Ennahar ou Echourouk sont accusés d’orchestrer des campagnes de dénigrement contre les opposants, souvent traités de « traîtres » ou d’« agents de l’étranger ».

Les manifestations pacifiques sont systématiquement interdites ou dispersées violemment, à l’image de la commémoration du Hirak à Béjaïa en avril 2024. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) alerte également sur l’arrestation de mineurs, parfois simplement pour avoir porté un drapeau amazigh.

Dans ce climat de peur (marqué par arrestations arbitraires, détentions prolongées, interdictions de voyage et diffamation) les libertés fondamentales s’érodent. La société civile est sous pression, et l’État de droit semble de plus en plus illusoire. Le tandem formé par le président Tebboune et le chef d’état-major Saïd Chanegriha incarne un pouvoir autoritaire, selon Le Matin d’Algérie, où toute contestation est assimilée à une menace à l’ordre établi.

À l’heure où le pays fait face à de lourds défis économiques et sociaux, la promesse d’un renouveau démocratique portée en 2019 semble aujourd’hui trahie par une spirale répressive sans précédent depuis la décennie noire.

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