Le gouvernement ivoirien réagit pour la première fois à l’affaire Hugues Comlan Sossoukpè. Le journaliste béninois, exilé politique au Togo depuis 2019, a été arrêté à Abidjan en juillet avant d’être extradé vers le Bénin. Une décision vivement critiquée par ses avocats et l’ONG Reporters sans frontières, qui dénoncent une violation flagrante de son statut de réfugié.
Amadou Coulibaly, ministre ivoirien de la Communication et porte-parole du gouvernement, affirme que les autorités « ignoraient son statut de réfugié politique » au moment de l’invitation. Selon lui, Hugues Sossoukpè figurait parmi une cinquantaine de journalistes conviés à un salon de l’innovation digitale sur la base de leur expertise, sans qu’aucun mandat ne soit connu des organisateurs.
Le ministre soutient que l’extradition a respecté les procédures judiciaires, évoquant une « simple exécution d’un mandat dans le cadre de la coopération avec le Bénin ». Il réfute toute illégalité dans l’affaire.
Mais cette version suscite la controverse. Pour Drissa Bamba, président du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), le statut de réfugié est protégé par le droit international et l’emporte sur toute collaboration judiciaire entre États. Il va plus loin, évoquant un possible « guet-apens » destiné à remettre le journaliste aux autorités béninoises.
Une loi ivoirienne de 2023 interdit pourtant formellement toute mesure visant à renvoyer un réfugié vers un territoire où il risquerait sa vie ou sa liberté.
Actuellement détenu à Ouidah, dans le sud du Bénin, Sossoukpè est poursuivi pour harcèlement en ligne, rébellion et apologie du terrorisme. Des accusations que ses proches jugent politiques.
À Cotonou, le gouvernement justifie la procédure. Wilfried Léandre Houngbedji, porte-parole de l’exécutif béninois, a rappelé que « la liberté d’expression ne dispense pas de responsabilité » et exige que les propos tenus soient prouvés.