Sahel : l’Angola relance le dialogue entre l’UA et les régimes militaires

À la tête de l’Union africaine, le président angolais João Lourenço tente de retisser les liens entre l’organisation continentale et les pays de l’AES, à commencer par le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Alors que les relations entre l’Union africaine (UA) et la Confédération des États du Sahel (AES) restent glaciales, l’Angola joue les médiateurs. João Lourenço, président angolais et président en exercice de l’UA, multiplie les échanges pour restaurer le dialogue avec les autorités de transition sahéliennes. Vendredi, il s’est entretenu avec le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire au Niger. Une nouvelle étape dans sa stratégie de rapprochement.

Ce processus a été amorcé en juin par une tournée régionale du chef de la diplomatie angolaise, Tete António, dans les trois capitales de l’AES. Objectif : briser l’impasse entre les institutions continentales et ces régimes putschistes. L’émissaire a plaidé pour une approche réaliste face à ce qu’il qualifie d’« urgence sécuritaire continentale » dans une région en proie au terrorisme.

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso reprochent à l’UA leur mise à l’écart des grandes décisions. L’exclusion du Niger d’un sommet tenu cette année a ravivé les tensions. João Lourenço tente donc d’ouvrir un canal diplomatique, loin des sanctions politiques, pour éviter un isolement total de ces États, déjà marginalisés par la Cédéao.

Niamey, Bamako et Ouagadougou se sont regroupés sous la bannière de l’AES, rompant progressivement avec les institutions régionales et continentales. Le pari angolais consiste à dépasser cette fracture politique en axant la discussion sur les enjeux de sécurité, terrain sur lequel l’UA et les pays concernés peuvent théoriquement converger.

La nomination de Mamadou Tangara comme nouveau Représentant spécial de l’UA au Sahel, basé à Bamako, traduit aussi cette volonté de renouer les fils du dialogue. Mais la tâche reste ardue. L’UA n’a toujours pas levé la suspension des trois États. Lourenço devra donc manœuvrer entre la légalité institutionnelle et les nécessités diplomatiques.

Fort de sa récente réussite dans la crise entre le Rwanda et la RDC, Lourenço confirme son ambition de devenir un acteur incontournable des médiations africaines. Mais au Sahel, l’équation est plus complexe : il s’agit non seulement de gérer l’instabilité, mais aussi de réconcilier deux légitimités concurrentes.

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