Côte d’Ivoire : lancement du parrainage citoyen pour la présidentielle de 2025

La Commission électorale indépendante (CEI) de Côte d’Ivoire a officiellement lancé, ce mardi 1er juillet, la phase de collecte des parrainages citoyens en vue de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Cette opération, instaurée pour la première fois en 2020 comme condition d’éligibilité, connaît cette année plusieurs innovations technologiques destinées à renforcer la fiabilité du processus.

Parmi les grandes nouveautés, la CEI introduit l’identification biométrique à l’aide de terminaux mobiles. Selon Camille Séka, directeur des technologies de l’information de l’institution, cette solution vise à éliminer le double parrainage, désormais impossible grâce à l’enregistrement instantané dans la base de données dès qu’un électeur accorde son soutien à un candidat. Deux méthodes sont prévues : reconnaissance faciale ou empreintes digitales. En cas d’échec, les équipes disposent d’un fichier Excel et d’un registre papier pour consigner les parrainages non authentifiés par voie électronique.

Chaque candidat recevra 100 kits numériques composés d’un terminal mobile, d’un fichier Excel et d’un registre papier. Les collecteurs sont encadrés par une organisation structurée, allant du coordinateur central aux collecteurs délégués opérant jusque dans les villages.

La CEI exige que chaque dossier de candidature présente au moins 1 % de l’électorat dans un minimum de 17 régions, incluant les districts d’Abidjan et de Yamoussoukro. En cas de doublon, c’est la première signature enregistrée qui prévaut ; le second dossier est invalidé, mais peut être complété dans un délai de 48 heures.

Marie-Noëlle Bellai, directrice des affaires juridiques de la CEI, a mis en garde contre les parrainages collectés dans des zones interdites comme les hôpitaux et les cantonnements militaires ou paramilitaires. Les sanctions prévues vont jusqu’à un an de prison et 5 millions de FCFA d’amende pour les contrevenants. Les électeurs qui parraineraient plusieurs candidats s’exposent également à des peines de prison et à des amendes pouvant atteindre 1 million de FCFA.

L’opération se déroulera jusqu’au 26 août 2025. Toutefois, des interrogations demeurent sur la participation de certains acteurs politiques majeurs. Radiés de la liste électorale, des figures comme Laurent Gbagbo (PPA-CI), Tidjane Thiam (PDCI), Blé Goudé (COJEP) et Guillaume Soro sont, à ce jour, disqualifiés du processus.

Pendant ce temps, le président Alassane Ouattara, désigné candidat par son parti, le RHDP, n’a pas encore confirmé s’il briguerait ou non un nouveau mandat. L’opposition affirme qu’une nouvelle candidature constituerait un quatrième mandat, en violation de la Constitution qui limite à deux le nombre de quinquennats. Le Conseil constitutionnel, lui, considère que le mandat en cours, amorcé après la réforme constitutionnelle de 2016, est le premier dans le nouveau régime.

L’enjeu est donc de taille. Avec la technologie pour réduire les fraudes et un climat politique sous tension, le processus de parrainage citoyen s’annonce décisif pour la crédibilité de la présidentielle à venir.

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