Algérie : Boualem Sansal condamné à cinq ans de prison en appel

La cour d’appel d’Alger a confirmé, mardi 1er juillet, la condamnation de Boualem Sansal à cinq ans de prison ferme. L’écrivain franco-algérien de 80 ans, déjà jugé en première instance en mars, était poursuivi notamment pour « atteinte à l’unité nationale », à la suite de propos tenus dans un média français. À l’issue de l’audience, la présidente du tribunal a déclaré en français : « Vous avez huit jours pour introduire un pourvoi en Cassation », après avoir lu le verdict en arabe.

L’avocat français de l’écrivain, Me Pierre Cornut-Gentille, tout juste arrivé à Alger, est resté prudent sur la suite judiciaire. « Je n’ai pas de déclarations à faire, je dois voir mon client », a-t-il indiqué, précisant l’avoir rencontré la veille et affirmant qu’il allait bien malgré son état de santé fragile, Boualem Sansal étant atteint d’un cancer.

L’affaire remonte à une interview controversée, accordée en octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières. Sansal y affirmait que certains territoires de l’Algérie actuelle appartenaient historiquement au Maroc, une déclaration vivement contestée à Alger et jugée attentatoire à la cohésion nationale.

Arrêté le 16 novembre 2024 à Alger, l’écrivain était déjà au cœur d’une vive crise diplomatique entre l’Algérie et la France. Cette dernière avait été ravivée par le soutien exprimé en juillet 2024 par le président Emmanuel Macron à un plan d’autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine, une position frontalement opposée à celle de l’Algérie, qui soutient depuis des décennies le Front Polisario.

La détérioration des relations bilatérales s’est traduite ces derniers mois par des expulsions croisées de diplomates, des restrictions sur les visas officiels et un gel quasi total des coopérations diplomatiques, culturelles et sécuritaires.

Considéré comme l’une des voix littéraires majeures du Maghreb, Boualem Sansal a souvent critiqué les dérives autoritaires du régime algérien. Son emprisonnement suscite désormais des inquiétudes dans les milieux intellectuels et auprès d’organisations de défense des droits humains.

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