Au moins sept personnes ont perdu la vie lors des manifestations qui ont secoué Lomé, la capitale du Togo, entre le 26 et le 29 juin, selon une déclaration conjointe d’organisations locales de défense des droits humains. La contestation, menée principalement par des jeunes militants, blogueurs et figures de la société civile, visait la démission de Faure Gnassingbé, récemment désigné président du Conseil des ministres dans le cadre d’une réforme constitutionnelle controversée. Les manifestants dénoncent un pouvoir toujours plus concentré entre les mains de l’ancien président de la République, malgré le passage à un régime parlementaire.
Les rassemblements, marqués par des barricades et des feux de pneus dans les rues de Lomé, ont été violemment réprimés. D’après les ONG, deux corps ont été retrouvés dans un lac à Akodesséwa et deux autres dans la lagune du quartier Bè. D’autres décès ont également été recensés, portant le bilan provisoire à sept morts. Les mêmes sources pointent du doigt des « exactions » commises par des forces de sécurité et des milices proches du régime.
« Les rues de Lomé ont été transformées en zone de répression. L’objectif ne semblait pas être le maintien de l’ordre, mais plutôt l’intimidation », dénoncent les organisations signataires. Plus de 60 personnes auraient été arrêtées au cours de ces journées de protestation.
Le gouvernement togolais, pour l’heure, n’a pas réagi officiellement à ces accusations. Il avait toutefois, dans un communiqué daté du 6 juin, mis en garde contre la diffusion de ce qu’il qualifiait « d’informations infondées » sur les réseaux sociaux, menaçant de sanctions les contrevenants.
Cette vague de manifestations fait suite à une série de mobilisations déjà réprimées début juin. À ce sujet, Amnesty International a exhorté les autorités togolaises à faire la lumière sur des allégations de torture et de mauvais traitements infligés à des manifestants les 5 et 6 juin.
Dans ce climat tendu, l’opposition, notamment l’Alliance nationale pour le changement (ANC), réclame la fin de ce qu’elle considère comme un glissement autoritaire maquillé en réforme institutionnelle. La nouvelle Constitution, adoptée par l’Assemblée nationale en 2024, a instauré un régime parlementaire, confiant les rênes du pouvoir exécutif au président du Conseil des ministres, aujourd’hui occupé par Faure Gnassingbé, désormais chef de l’exécutif sans passer par une élection populaire.
Un président de la République, au rôle essentiellement symbolique, a été élu par le Parlement pour un mandat de six ans, scellant ainsi la transition constitutionnelle.
Mais pour une partie de la population, cette réforme n’est qu’une manœuvre pour prolonger l’emprise du clan présidentiel sur le pouvoir, au mépris des aspirations démocratiques exprimées dans la rue.