Le continent africain est confronté à une montée préoccupante de la consommation de drogues, à la diversification des trafics et à l’apparition de substances toujours plus puissantes, alerte le Rapport mondial sur les drogues 2025 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié ce 26 juin.
L’Afrique de l’Ouest, du Centre et australe dépasse largement la moyenne mondiale en matière d’usage du cannabis, avec une prévalence approchant les 10 %, soit plus du double du taux mondial (4,6 %). Cette substance reste la plus consommée au monde et la principale cause d’admission en traitement sur le continent (32 %).
Mais c’est surtout la multiplication des drogues qui inquiète. Le tramadol, opioïde en vente libre dans plusieurs pays africains, constitue l’un des principaux moteurs de l’épidémie locale. Entre 2019 et 2023, l’Afrique a concentré 57 % des saisies mondiales d’opioïdes pharmaceutiques. Parallèlement, les saisies d’héroïne y ont augmenté, alors qu’elles baissent ailleurs, l’Afrique de l’Est servant de point de transit vers l’Europe.
La cocaïne, quant à elle, progresse à grande vitesse : 25 millions de consommateurs dans le monde, un record de production mondiale en 2023, et une Afrique de l’Ouest de plus en plus utilisée comme hub de transit. Plus de 4 500 personnes ont été soignées sur le continent pour des troubles liés à la cocaïne, signe d’une demande croissante.
Le khat, les amphétamines et surtout les nouvelles substances psychoactives (NSP) s’ajoutent au paysage. Le dangereux kush, un mélange de drogues synthétiques contenant des nitazènes (opioïdes très puissants), inquiète particulièrement en Afrique de l’Ouest et du Centre, où les saisies de ces produits ont explosé.
Le rapport révèle également une urgence sanitaire : sur 1,33 million d’usagers de drogues injectables en Afrique, plus de 200 000 vivent avec le VIH, notamment en Afrique australe où 43 % des injecteurs sont séropositifs. Le continent souffre aussi d’un accès extrêmement limité aux soins palliatifs, avec seulement sept doses d’analgésiques standards par million d’habitants par jour dans la région ouest-africaine, soit le niveau le plus bas au monde.
Les jeunes (moins de 35 ans) représentent la majorité des personnes prises en charge, et les femmes restent fortement sous-représentées dans les statistiques, avec un rapport de 1 femme pour 9 hommes dans l’usage de cannabis.
Dans un marché des drogues devenu global, fluide et instable, l’Afrique apparaît non seulement comme un terrain de transit, mais aussi comme un champ de consommation et de production en expansion, exposant des millions de jeunes à un avenir incertain, faute de régulation, de prévention et de prise en charge adéquates.