Dans la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique, plus de 120 enfants ont été enlevés depuis janvier 2025 par un groupe armé affilié à l’État islamique, a révélé mardi l’ONG Human Rights Watch (HRW). Ces enlèvements, souvent passés sous silence, s’inscrivent dans une stratégie d’asservissement et de terreur ciblant les plus vulnérables. Les insurgés, connus localement sous le nom d’Al-Shabab sans lien avec le groupe somalien du même nom forcent les enfants à effectuer des travaux pénibles, les enrôlent comme combattants ou les soumettent à des mariages forcés. Abudo Gafuro, responsable de l’ONG mozambicaine Kwendeleya, a confirmé à HRW qu’au moins 120 enfants ont été capturés en quelques semaines.
Des témoignages évoquent des rafles dans plusieurs localités : sept enfants à Mumu en janvier, six autres à Chibau en mars, une jeune fille à Ntotwe début mai, puis huit autres à Magaia. Certains ont été relâchés, d’autres restent portés disparus. Ashwanee Budoo-Scholtz, directrice adjointe pour l’Afrique chez HRW, a dénoncé cette vague d’enlèvements comme « un nouvel épisode d’horreur » dans un conflit meurtrier qui sévit depuis 2017. Elle appelle à la libération immédiate des captifs.
Malgré quelques évasions, les enfants revenus font face à un double traumatisme : rejet social et absence de structures d’accueil ou de soutien psychologique. Benilde Nhalivilo, du Forum pour les droits de l’enfant, insiste sur la nécessité d’un plan national de réintégration pour ces victimes.
HRW exhorte l’État mozambicain à renforcer la protection des civils, à poursuivre les auteurs de ces crimes et à assurer une prise en charge globale pour les enfants survivants. Cabo Delgado, riche en gaz naturel, reste l’épicentre d’une insurrection qui a déjà coûté la vie à des milliers de personnes et provoqué plus d’un million de déplacés.