Niger : l’État reprend le contrôle total de SOMAIR, ex-filiale d’Orano

Le gouvernement nigérien a acté la nationalisation complète de la Société des Mines de l’Aïr (SOMAIR), jusque-là contrôlée majoritairement par le groupe français Orano. Cette décision, adoptée en Conseil des ministres le 19 juin 2025, marque une rupture nette avec l’ancien partenaire, accusé de dérives graves.

Selon les autorités de Niamey, Orano aurait multiplié les manquements depuis le renversement du pouvoir le 26 juillet 2023. Elles évoquent notamment un déséquilibre dans la répartition de l’uranium extrait depuis 1971 à Arlit, dans le nord du pays. Sur plus de 80 000 tonnes commercialisées, la société française aurait capté 86,3 %, contre seulement 9,2 % pour la partie nigérienne, bien en-deçà de sa participation au capital (36,6 % via SOPAMIN).

Le Niger reproche également à Orano des actes unilatéraux : rapatriement précipité de ses ressortissants, tentatives de blocage lors des conseils d’administration, coupure du système informatique de l’entreprise en décembre 2024, résiliation de licences… Des comportements jugés hostiles, aggravés par le dépôt d’une plainte au CIRDI en janvier 2025.

Niamey va plus loin et accuse Orano de « campagnes de désinformation » et d’avoir abandonné les travaux de réhabilitation du site de COMINAK, ancienne mine d’uranium fermée en 2021. Pour le gouvernement, l’attitude d’Orano reflète celle de la France, qualifiée de « puissance hostile », accusée de soutenir l’instabilité dans la région.

Face à ces griefs, le pouvoir militaire en place a décidé de transférer l’ensemble des actifs et des parts de SOMAIR à l’État nigérien. Les anciens actionnaires seront indemnisés, mais l’évaluation tiendra compte des obligations non respectées, notamment environnementales. Le conseil d’administration est dissous ; une direction provisoire assurera la gestion jusqu’à l’installation des nouvelles autorités.

Cette mesure s’inscrit dans une politique de souveraineté économique assumée, dans la lignée de la rupture militaire avec Paris et du rapprochement avec les pays de l’Alliance des États du Sahel. Le contrôle de l’uranium, ressource clé pour l’économie nationale et convoitée sur le plan international, devient ainsi un levier stratégique pour le Niger.

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