Le Programme alimentaire mondial (PAM) a alerté ce mardi sur le risque imminent de famine dans plusieurs zones du sud de Khartoum. Après deux années de conflit, l’aide humanitaire peine à atteindre les populations, faute de financements suffisants. Depuis la reprise de Khartoum par l’armée soudanaise, le PAM a pu accéder à sept localités de la capitale et venir en aide à un million de personnes. Mais le constat est alarmant. « Le niveau de faim, de dénuement et de désespoir est grave et confirme le risque de famine », a déclaré Laurent Bukera, représentant du PAM au Soudan.
Les combats opposant l’armée aux Forces de soutien rapide (FSR) ont provoqué des déplacements massifs et coupé la capitale du reste du pays. Si certaines zones de Khartoum reprennent vie, d’autres restent dévastées, sans accès à l’eau, aux soins ou à l’électricité. L’épidémie de choléra aggrave encore la situation. Le début de la saison des pluies complique davantage la situation humanitaire. Les communautés hôtes, épuisées par l’accueil des déplacés, arrivent à un point de rupture.
La sécurité des humanitaires reste un défi majeur. La semaine dernière, un convoi du PAM et de l’Unicef a été attaqué près d’El Koma au Darfour, faisant cinq morts. « Ces attaques aveugles contre le personnel humanitaire se multiplient », a déploré Laurent Bukera. Malgré ces obstacles, le PAM parvient à aider 4 millions de personnes par mois, un chiffre multiplié par quatre en un an. L’objectif est d’atteindre 7 millions de bénéficiaires, en ciblant les zones les plus menacées, dont Khartoum, le Darfour, le Kordofan et Al Jazira.
Cependant, un déficit de 500 millions de dollars compromet ces efforts. Le PAM a déjà dû réduire les rations alimentaires et suspendre les suppléments nutritionnels destinés aux enfants et aux femmes enceintes. « Sans financement supplémentaire, de nouvelles coupes seront inévitables. La communauté internationale doit agir d’urgence pour éviter une famine généralisée », a averti Laurent Bukera.