Laurent Gbagbo, exclu de la liste électorale, a dénoncé samedi à Abidjan la candidature annoncée d’Alassane Ouattara pour un 4e mandat, et a appelé ses partisans à la mobilisation face à ce qu’il considère comme une dérive autoritaire. Devant des milliers de sympathisants réunis à Port-Bouët, dans le sud d’Abidjan, le leader du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI) a fustigé son éviction de la liste électorale définitive publiée le 4 juin. « On a publié une liste sans Cheikh Tidjane Thiam, sans Guillaume Soro, sans Gbagbo. Est-ce que vous trouvez cela normal ? », a-t-il lancé.
Acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), Gbagbo reste frappé par une condamnation nationale de 20 ans pour le braquage de la BCEAO, un verdict qu’il rejette catégoriquement. « Braquer, c’est voler. Je ne suis pas un voleur. C’est une insulte à ma personne et à ma famille », a-t-il affirmé. Estimant que le régime cherche à l’écarter par des moyens injustes, Gbagbo a appelé ses militants à la vigilance et à la mobilisation. « À un moment, il faudra envahir toutes les rues d’Abidjan », a-t-il averti.
Le leader de 80 ans a dénoncé une tentative de verrouillage du jeu politique en radiant les principaux opposants. Il a ironisé sur son âge comparé à celui d’Alassane Ouattara, 83 ans. « Entre moi et Alassane, qui est vieux ? », a-t-il lancé, en ajoutant : « Celui qui est candidat pour un 4e mandat ne le sera pas, et nous ferons tout pour cela ». Gbagbo a aussi dénoncé le précédent de 2020, où le Conseil constitutionnel avait autorisé Ouattara à briguer un 3e mandat en invoquant l’adoption de la nouvelle Constitution de 2016. « Ce n’est pas du droit, c’est du n’importe quoi », a-t-il martelé.
Il a rappelé que la Constitution limite le nombre de mandats à deux et a dénoncé l’hypocrisie du pouvoir. « Ceux qui veulent me faire taire me trouveront sur leur chemin. Je me battrai pour mon honneur et pour la Côte d’Ivoire », a-t-il insisté. Dans un contexte pré-électoral tendu, marqué par la radiation de plusieurs figures de l’opposition, le président Ouattara devrait officialiser sa position sur sa candidature lors du congrès de son parti, le RHDP, prévu les 21 et 22 juin.
Gbagbo, lui, affirme qu’il « se battra jusqu’au bout » pour recouvrer ses droits civiques et peser dans le scrutin présidentiel du 25 octobre prochain.