Des enquêteurs privés surveilleraient les étudiants pro-palestiniens à l’université du Michigan, révèle le quotidien britannique The Guardian. Ces pratiques soulèvent de vives inquiétudes sur la liberté d’expression sur le campus d’Ann Arbor, à 72 kilomètres de Detroit. Selon plusieurs témoignages, ces agents suivent les étudiants sur le campus et dans des lieux publics, filment leurs échanges et espionnent leurs conversations. Certains étudiants évoquent des comportements menaçants : insultes, tentatives d’intimidation et même une agression où un agent aurait failli renverser un étudiant avec sa voiture.
Les étudiants affirment avoir repéré des dizaines de ces enquêteurs, souvent en équipe, opérant sous couverture dans des cafés et bars. Une vidéo montre l’un d’eux simulant un handicap pour accuser faussement un étudiant de vol. La surveillance aurait été renforcée après des descentes récentes menées avec l’accord de la procureure générale du Michigan, Dana Nessel, et du FBI, toujours selon The Guardian. L’université n’a pas démenti ces pratiques. Elle affirme que les mesures de sécurité visent à garantir un environnement sûr, et non à cibler des groupes pour leurs convictions. « La réponse actuelle de l’université à l’activisme étudiant, par le biais d’une surveillance massive et d’une présence policière discrète, est profondément inquiétante », a déclaré l’étudiant Henry MacKeen-Shapiro.
Les avocats des étudiants précisent que les preuves collectées servent déjà dans des procédures disciplinaires internes. L’université aurait engagé deux consultants pour ces enquêtes, pour un coût de 1,5 million de dollars. La Fondation pour les droits individuels et l’expression dénonce une atteinte à la liberté d’expression. « Ce type de surveillance privée crée un effet dissuasif inédit sur les campus », a estimé Lindsie Rank, directrice de l’organisation. Le climat s’est tendu depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Face à la guerre menée par Israël à Gaza, qui a déjà causé la mort de près de 54 700 Palestiniens, dont de nombreuses femmes et enfants, les mouvements de solidarité avec la Palestine se sont multipliés.
En 2024, des étudiants ont installé un campement sur le campus pour réclamer le désinvestissement de l’université dans les entreprises israéliennes. L’administration a alors engagé des poursuites contre certains manifestants. Malgré les appels internationaux au cessez-le-feu, la guerre continue à Gaza. Israël est par ailleurs poursuivi devant la Cour internationale de justice pour génocide. Dans ce contexte, les manifestations estudiantines contre la guerre se sont étendues à de nombreux campus américains. Plusieurs centaines d’étudiants et enseignants ont été suspendus pour y avoir participé.