Le président chilien Gabriel Boric a annoncé son intention de déposer un projet de loi visant à interdire l’importation de biens produits dans les colonies israéliennes implantées dans les territoires palestiniens occupés. Cette mesure s’inscrit dans une dénonciation plus large de la guerre en cours dans la bande de Gaza et d’un soutien affirmé aux droits du peuple palestinien.
« Nous ne pouvons pas continuer à financer la mort d’enfants », a-t-il lancé dimanche devant le Congrès à Valparaiso, lors de son discours annuel. Pendant près de trois heures, Boric a alterné annonces sociales, prises de position politiques et condamnations fermes. Il a notamment dénoncé ce qu’il qualifie de « gouvernement génocidaire », tout en réaffirmant son opposition au terrorisme : « Nous condamnons l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 et appelons à la libération immédiate des otages israéliens. »
Le président chilien a soutenu les efforts de l’Espagne pour imposer un embargo sur les armes à destination d’Israël et défendu l’idée que son initiative n’était pas motivée par des considérations commerciales, mais par des principes de justice. « Critiquer les actions d’un gouvernement ne revient pas à être antisémite. Nous attaquons des actes, pas des identités », a-t-il précisé.
L’ambassadeur israélien au Chili, Gil Artzyeli, a mis en garde contre les répercussions économiques possibles, en citant notamment les lois américaines anti-boycott qui pourraient entraîner des sanctions à l’égard du Chili. Mais Boric a balayé ces avertissements, affirmant que son pays ne plierait pas devant des pressions économiques étrangères.
Cette nouvelle décision s’inscrit dans une série d’actes diplomatiques marquant la détérioration des relations entre le Chili et Israël. En septembre 2022, Boric avait déjà refusé de recevoir l’ambassadeur israélien à La Moneda. En novembre 2023, il avait rappelé son ambassadeur en Israël après le bombardement d’un camp de réfugiés. Plus récemment, en avril 2024, le gouvernement chilien a exclu Israël de la Foire internationale de l’air et de l’espace (FIDAE) et soutenu l’Afrique du Sud dans sa procédure contre Israël devant la Cour internationale de justice pour crime de génocide.
Gabriel Boric, qui a également ordonné le retrait des attachés militaires chiliens de Tel-Aviv, poursuit ainsi une ligne diplomatique sans ambiguïté : celle d’un engagement assumé en faveur du droit international et des droits humains dans les territoires palestiniens occupés.