Sur le terrain de volley-ball de l’Université d’Abomey-Calavi (Rép du Bénin), un procès fictif a attiré une foule dense le vendredi 30 mai 2025. Dans le rôle des juges, des avocats, du ministère public et des accusés : des étudiants en toges, engagés dans une action de sensibilisation forte contre le harcèlement sexuel. L’événement, intitulé Au Tribunal du Campus, est porté par l’association Jeunes, Acteurs de Développement (JAD), avec l’appui de professionnels du droit. Il s’agit d’un projet citoyen qui vise à éveiller les consciences sur un fléau trop souvent ignoré dans les milieux académiques.
Le procès mettait en scène un professeur accusé d’avoir abusé sexuellement d’une étudiante en fin de cycle. L’affaire, inspirée de faits plausibles, a été minutieusement simulée : plaidoiries, réquisitions, interrogatoires… tout y était. Le verdict est tombé : trois ans de prison et une amende d’un million de francs CFA. La foule, émue et attentive, a salué le jugement. « Le harcèlement sexuel n’est pas un fait divers. C’est un fléau social, un poison lent », a martelé Dadjo Nice, coordonnatrice du projet, en ouverture de la séance.
Maître Marlène Hounkpati, avocate au barreau du Bénin et consultante juridique à l’Institut National de la Femme (INF), a souligné l’importance de l’action. Elle a rappelé que l’INF reste disponible pour accompagner toute victime de violences basées sur le genre. « Vous pouvez nous saisir à tout moment », a-t-elle lancé. Le Procureur spécial de la CRIET, Mario Mètonou, parrain de l’événement, a félicité les jeunes pour leur performance : « Ce que j’ai vu aujourd’hui me conforte dans l’idée que la relève est assurée. »
Selon Issac Houetchenou, président de JAD, cette initiative ne restera pas confinée au campus : « Nous irons dans les quartiers, dans les villages. Il faut briser le silence partout. » À travers cette mise en scène engagée, une jeunesse lucide a choisi de ne pas détourner le regard. Elle appelle à une mobilisation collective pour combattre un mal qui, trop souvent, prospère dans l’ombre.