L’AES amorce une coopération judiciaire face aux défis transnationaux

Les ministres de la Justice du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont posé à Bamako les premières bases d’une réponse judiciaire concertée au sein de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette rencontre inaugurale, tenue jeudi 29 mai 2025, a pour ambition de construire un socle juridique commun pour affronter les menaces transfrontalières et renforcer la convergence des systèmes judiciaires dans un contexte d’insécurité persistante. Présidée par le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maïga, cette réunion s’inscrit dans le cadre du pilier « Développement » de l’AES. Elle vise à articuler la souveraineté des États membres avec des mécanismes judiciaires capables de répondre aux défis comme la criminalité organisée, le trafic d’armes, le blanchiment de capitaux ou encore l’impunité.

Pour le ministre burkinabè de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, « le droit doit accompagner la marche radieuse du peuple de l’AES ». Il appelle à passer des intentions aux actions concrètes. Son homologue nigérien, Alio Daouda, plaide pour un dispositif judiciaire commun susceptible de transformer durablement les dynamiques d’insécurité. Le diagnostic partagé révèle cependant de profondes disparités. Au Mali, la justice est jugée comme la plus corrompue par plus de la moitié des citoyens, avec un accès extrêmement limité dans les zones rurales. Le Burkina Faso et le Niger font également face à des taux élevés de non-recours, particulièrement dans les régions enclavées ou frontalières. Le World Justice Project classe d’ailleurs le Mali à la 124e place sur 142 pays, tandis que le Burkina Faso est 98e.

Dans ce contexte, l’AES entend harmoniser sans uniformiser. L’objectif est de rendre les systèmes judiciaires compatibles, notamment à travers la reconnaissance mutuelle des décisions de justice, la formation conjointe des magistrats et le déploiement d’outils numériques partagés. Le Premier ministre malien a insisté sur l’ancrage de cette réforme dans les réalités sociales et les attentes citoyennes. Pour lui, la justice doit être à la fois un vecteur de sécurité, un pilier de cohésion et un moteur de développement.

Les résolutions issues de cette rencontre seront transmises au président en exercice de la Confédération, le général de corps d’armée Assimi Goïta. Elles feront l’objet d’un suivi au sein des ministères concernés, pour garantir leur mise en œuvre effective dans les mois à venir.

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