La Conférence internationale des barreaux (CIB) a vivement réagi à l’interdiction faite à deux avocats français de défendre Dr Succès Masra, ancien Premier ministre tchadien incarcéré depuis le 16 mai 2025. Elle y voit une atteinte grave au droit fondamental à la défense. Accusé d’incitation à la haine, Dr Masra avait sollicité les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth pour renforcer son équipe de défense. Ces derniers avaient annoncé leur participation au dossier. Mais les autorités tchadiennes leur ont interdit l’accès au pays, arguant d’une volonté de préserver la souveraineté judiciaire du Tchad face à toute influence extérieure.
Par la voix de son porte-parole, Gassim Chérif Mahamat, le gouvernement a déclaré qu’aucune ingérence étrangère ne serait tolérée, soulignant que les avocats tchadiens sont pleinement compétents pour assurer la défense de leurs concitoyens. Cette décision a immédiatement suscité une réaction ferme de la CIB. L’organisation estime que ce refus constitue une entrave aux droits de la défense garantis par les textes nationaux et internationaux. Elle s’appuie notamment sur l’Accord judiciaire signé le 6 mars 1976 entre la France et le Tchad, qui reconnaît aux avocats français le droit de plaider devant les juridictions tchadiennes, au même titre que leurs confrères locaux.
La CIB évoque également les engagements internationaux du Tchad, notamment son adhésion au Statut de Rome de la Cour pénale internationale, qui garantit à tout justiciable la liberté de choisir son avocat. En restreignant ce droit, le gouvernement, selon elle, viole ses obligations internationales et fragilise l’État de droit.
L’organisation a réaffirmé son soutien au barreau tchadien, saluant la position exprimée par le bâtonnier Djerandi Laguerre Dionro le 23 mai dernier. Elle appelle la communauté internationale à rester vigilante face à ce qu’elle considère comme une dérive préoccupante en matière de justice et de droits humains au Tchad.