Le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a exprimé une vive inquiétude face à la crise humanitaire dans la bande de Gaza, qualifiée d’« abominable » par Christophe Lemoine, porte-parole du ministère. Ce mercredi 28 mai, lors de son point presse hebdomadaire, il a dénoncé l’aggravation dramatique des conditions de vie dans l’enclave palestinienne.
La France s’aligne sur les critiques émises par plusieurs experts et médias, dont le journal israélien Haaretz, qui dénoncent l’inefficacité des opérations d’aide humanitaire actuellement menées, souvent perçues comme des campagnes de communication plus que de véritables interventions sur le terrain. L’initiative israélo-américaine de distribution d’aide a notamment été qualifiée de « fiasco » par certains observateurs.
Sur le volet politique, Christophe Lemoine a réaffirmé l’opposition ferme de Paris à toute tentative d’annexion israélienne, que ce soit en Cisjordanie ou à Gaza. Cette prise de position fait suite aux menaces attribuées au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu en réaction à la reconnaissance éventuelle de l’État palestinien par la France et le Royaume-Uni. Le porte-parole a préféré ne pas commenter directement ces propos, insistant sur l’engagement français en faveur d’une solution politique basée sur le droit international et la coexistence de deux États.
La situation humanitaire à Gaza reste extrêmement critique. Depuis le 2 mars, Israël bloque quasiment toute aide humanitaire vers la région, invoquant des raisons sécuritaires. Quelques passages d’aide ont été autorisés, mais ils restent largement insuffisants face aux besoins urgents des populations civiles. Ce blocus a été vivement condamné par de nombreuses ONG internationales, telles que Médecins du Monde, Oxfam ou le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur « l’effondrement total » de l’aide humanitaire et dénoncent un des « pires échecs humanitaires de notre génération ». Malgré cela, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’« aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza ».
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les frappes israéliennes ont fait près de 4000 morts palestiniens supplémentaires. Le bilan total à Gaza dépasse désormais les 54 000 victimes, en majorité des civils, notamment des femmes et des enfants, depuis le début du conflit en octobre 2023. Les violations des cessez-le-feu annoncés se poursuivent, aggravant la crise humanitaire.
Sur le plan juridique, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait ordonné dès le 26 janvier 2024 à Israël de prévenir tout acte de génocide à Gaza et de garantir l’accès à l’aide humanitaire. De même, la Cour pénale internationale (CPI) a émis plusieurs mandats d’arrêt le 21 novembre 2024, notamment contre Benyamin Netanyahu, pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis dans l’enclave palestinienne.