Royaume-Uni : Kemi Badenoch défend Israël et rejette l’accusation de génocide à Gaza

La cheffe du Parti conservateur britannique, Kemi Badenoch, a rejeté toute qualification de génocide pour désigner la guerre menée par Israël contre Gaza. Selon elle, l’État hébreu mène une guerre légitime, dans laquelle le Royaume-Uni doit rester solidaire. Invitée sur Sky News dimanche, elle a déclaré : « Israël mène une guerre. Ce n’est pas à moi de juger exactement comment ils la mènent (…) Ce n’est pas un génocide, contrairement à ce que certains disent. »

Interrogée par Trevor Phillips, Badenoch s’est montrée inflexible. À ceux qui critiquent son silence face aux bombardements et au bilan humain, elle a répondu avoir déjà émis des critiques par le passé, mais insiste : « Il faut soutenir Israël dans cette guerre. » Elle justifie l’offensive israélienne par la présence de 58 otages que le Hamas refuse de libérer : « Ils ont dit qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu tant que leurs citoyens ne sont pas récupérés. »

Pour Badenoch, toute prise de position perçue positivement par le Hamas est suspecte : « Si le Hamas loue vos actions, c’est probablement que vous avez fait quelque chose de mal. » Elle qualifie d’ailleurs le groupe palestinien de « terroriste ».

Guerre par procuration et silence sur Netanyahu

Kemi Badenoch va plus loin, comparant le conflit israélo-palestinien à celui entre l’Ukraine et la Russie : « Israël mène une guerre par procuration au nom du Royaume-Uni, tout comme l’Ukraine le fait pour l’Europe de l’Ouest contre la Russie. » Elle a évité de commenter les propos agressifs du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu contre son homologue britannique Keir Starmer. Ce dernier avait appelé à un changement d’approche de Tel-Aviv, provoquant la colère d’Israël. Badenoch a simplement déclaré : « Je ne suis pas ici pour surveiller le langage du Premier ministre d’Israël. » Elle conclut en martelant la priorité : « Ce que nous devons faire, c’est nous assurer que nous sommes du côté de ceux qui veulent éradiquer le Hamas. »

Un contexte diplomatique tendu

Les déclarations de Badenoch surviennent alors que la communauté internationale multiplie les pressions sur Israël. Cette semaine, Keir Starmer, Emmanuel Macron et Mark Carney ont signé une déclaration conjointe demandant à Israël de mettre fin à la souffrance « intolérable » des civils palestiniens. Ils ont également menacé de prendre des mesures concrètes si aucune amélioration n’est observée, notamment sur le plan humanitaire. En réaction, le Royaume-Uni a suspendu les négociations commerciales avec Israël. Netanyahu a immédiatement dénoncé cette décision, accusant Londres, Paris et Ottawa de se ranger « du mauvais côté de l’histoire ».

Accusations croissantes de génocide

La présidente slovène Natasa Pirc Musar a déclaré au Parlement européen : « Nous sommes témoins d’un génocide à Gaza (…) et nous restons murés dans le silence. » Saskia Kluit, rapporteuse à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, parle quant à elle de « nettoyage ethnique » aggravé par le blocus de l’aide humanitaire. Depuis le 2 mars, les points de passage vers Gaza restent fermés à l’aide médicale et alimentaire. Selon l’ONU, Israël bloque l’entrée d’aides vitales depuis plus de 80 jours. Antonio Guterres alerte : « Les Palestiniens de Gaza vivent peut-être la phase la plus cruelle de ce conflit brutal. »

Un bilan dramatique

Depuis le début de l’offensive israélienne en octobre 2023, 53 901 Palestiniens ont été tués, selon le ministère palestinien de la Santé. La majorité sont des femmes et des enfants. La Cour pénale internationale a lancé en novembre 2024 des mandats d’arrêt contre Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Israël est également poursuivi devant la Cour internationale de justice pour crime de génocide.

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