Le procès très médiatisé mené sous la présidence de Kaïs Saïed pour « complot contre la sûreté de l’État » s’est conclu dans la controverse à Tunis. Alors que la Tunisie reste l’un des rares pays du Printemps arabe à maintenir une transition démocratique, ce jugement marque un tournant préoccupant.
D’après des sources proches du dossier, dont Le Monde et les avocats de la défense, environ quarante personnes parmi lesquelles des opposants politiques, journalistes et militants associatifs ont été condamnées à des peines allant de 13 à 66 ans de prison ferme. Le verdict est tombé aux premières heures du samedi 19 avril 2025, après une audience tenue à huis clos, excluant le public, les médias et les observateurs étrangers.
Parmi les condamnés figure l’homme d’affaires Kamel Eltaïef, proche de l’ancien régime, présenté comme un des principaux instigateurs du complot présumé. Le dossier, critiqué pour son manque de clarté et son opacité, mentionne également des figures comme le philosophe français Bernard-Henri Lévy, sans qu’aucun lien direct avec les accusés n’ait été établi.
La Coordination des familles de prisonniers politiques a dénoncé un « simulacre de justice » et une dérive autoritaire du pouvoir tunisien. Le gouvernement n’a pas encore fait de déclaration officielle, tandis que les avocats attendent les détails des jugements afin de préparer un recours en appel.