L’affaire fait grand bruit : deux cadres du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique sont accusés de corruption dans le traitement du dossier administratif du parti politique « Le Libéral » (LLB). Selon la déclaration officielle du ministre en charge, les intéressés auraient exigé et perçu de l’argent pour faciliter l’aboutissement de la procédure de reconnaissance du parti. Le responsable politique concerné aurait, lui, accepté et honoré cette transaction. Les faits sont graves, les sanctions prévues par la loi le sont tout autant.
Le Code pénal béninois ne laisse place à aucune ambiguïté. L’article 335 punit sévèrement tout agent public qui sollicite ou accepte, directement ou non, un avantage indu pour poser ou s’abstenir de poser un acte de ses fonctions, même s’il s’agit d’un acte légal. La peine prévue : une réclusion criminelle à temps de cinq à dix ans, assortie d’une amende égale au triple de la valeur des dons ou promesses reçus, avec un minimum de 200 000 francs CFA.
Les deux cadres du ministère mis en cause l’un relevant de la Direction des Affaires intérieures et des Cultes, l’autre de la Direction des Partis politiques tombent directement sous le coup de cette disposition. Leur comportement, s’il est confirmé, constitue un cas typique de corruption passive, en violation flagrante de leurs obligations de probité, de neutralité et de loyauté envers l’administration publique.
L’article 336 du Code pénal complète l’arsenal juridique en sanctionnant le corrupteur. Celui-ci, en l’occurrence le responsable politique du parti « Le Libéral », aurait versé d’importantes sommes d’argent pour obtenir un avantage dans le traitement de son dossier. Cette infraction, qualifiée de corruption active, est punie des mêmes peines que la corruption passive : de cinq à dix ans de réclusion criminelle, avec une amende calculée sur la base des sommes promises ou versées. Autrement dit, le présumé corrupteur encourt exactement les mêmes peines que les agents corrompus. Il ne saurait donc invoquer une quelconque pression ou justification politique pour se soustraire à la rigueur de la loi.
Face à la gravité des faits, le ministre de l’Intérieur a rapidement réagi. Les deux agents incriminés ont été suspendus de leurs fonctions et le dossier a été transmis à la Brigade économique et financière pour une enquête approfondie. Le Directeur général de la Police républicaine a été saisi pour procéder à l’interpellation des personnes impliquées.
Si les faits sont confirmés au terme de l’enquête, les intéressés seront traduits devant les juridictions compétentes et pourraient se voir infliger de lourdes peines, conformément aux articles précités. Il ne s’agira donc pas seulement de sanctions administratives, mais bien de poursuites pénales avec des conséquences potentiellement privatives de liberté.
Cette affaire constitue un test majeur pour la crédibilité de la lutte contre la corruption au Bénin. Elle touche un ministère clé, un dossier politique sensible et met en lumière des pratiques encore trop répandues dans l’administration. Le traitement judiciaire de cette affaire sera scruté à la loupe. Il devra illustrer la volonté des autorités d’appliquer la loi avec rigueur, quel que soit le statut des mis en cause. Car au-delà des individus, c’est l’intégrité de l’État qui est en jeu.