En ouverture du Dialogue de Shangri-La, Emmanuel Macron a exhorté les puissances internationales à faire preuve de cohérence stratégique. Devant un parterre de responsables civils et militaires à Singapour, le président français a dénoncé les “doubles standards” qui fragilisent la crédibilité occidentale et appelé à la construction d’une “coalition d’indépendance” entre l’Europe et l’Asie.
Macron a mis en garde contre les discours relativisant la guerre en Ukraine, tout en appelant à une réponse équilibrée face au conflit à Gaza. « Si nous abandonnons Gaza à Israël, nous perdons notre crédibilité ailleurs dans le monde », a-t-il déclaré, dénonçant implicitement le deux poids deux mesures entre la fermeté affichée contre Moscou et l’impunité laissée à Tel Aviv.
Critique à peine voilée des pressions américaines, Macron a rappelé que l’Europe ne voulait ni confrontation avec la Chine, ni dépendance stratégique. « Nous ne voulons pas recevoir des instructions au quotidien », a-t-il insisté, suggérant la nécessité d’une autonomie de décision des puissances intermédiaires.
Pas d’OTAN en Asie
Le président français s’est également opposé à l’expansion du rôle de l’OTAN en Asie, estimant que l’organisation doit rester cantonnée à l’espace euro-atlantique. Une prise de position cohérente avec sa vision d’une Europe puissance, souveraine dans ses choix sécuritaires.
Face à la bipolarisation croissante entre Washington et Pékin, Macron a proposé une “troisième voie”, fondée sur le respect du droit international, la coopération économique et technologique, et l’indépendance stratégique. Il a appelé à une alliance de pays non-alignés, décidés à ne pas se soumettre aux logiques de blocs ni aux ambitions hégémoniques.
Avec ce discours, Emmanuel Macron renforce son positionnement d’intermédiaire global et d’avocat d’un ordre multipolaire, fidèle à une vision gaullienne d’une France actrice indépendante dans le jeu international.