Les députés et les sénateurs n’ont pas réussi à s’accorder sur une version commune du projet de loi de finances pour 2026. Réunie vendredi matin au Palais-Bourbon, la commission mixte paritaire a rapidement constaté l’impossibilité de rapprocher les positions des deux chambres.
Dès l’ouverture des discussions, les divergences sont apparues trop profondes. Le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson, a mis en cause l’exécutif, estimant que le gouvernement avait renoncé à assumer ses responsabilités, notamment en refusant d’utiliser l’article 49.3. À l’Assemblée nationale, Philippe Juvin a acté un constat sans appel : aucun compromis n’était possible à ce stade.
Cet échec était largement anticipé. La majorité sénatoriale de droite reproche au gouvernement d’avoir cédé sur le budget de la Sécurité sociale et d’avoir laissé dériver le déficit public. À l’issue des débats au Sénat, celui-ci a été évalué à 5,3 % du PIB pour 2026, bien au-delà de l’objectif fixé par le Premier ministre. De son côté, l’exécutif accuse certains sénateurs LR de bloquer volontairement les discussions, sur fond de calculs politiques en vue de la présidentielle de 2027.
Face à cette impasse, le gouvernement s’apprête à présenter une loi spéciale. Ce texte transitoire permettra à l’État de percevoir les impôts en début d’année 2026 selon les règles de 2025 et de limiter les dépenses publiques au strict nécessaire, sans possibilité de nouveaux investissements hors urgence. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a confirmé que ce scénario était préparé.
Reste l’incertitude sur la durée de ce régime d’exception. La reprise des discussions budgétaires est attendue à la rentrée, sans garantie de compromis. La loi spéciale compromet déjà plusieurs engagements, notamment des investissements supplémentaires dans la défense. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé à une adoption rapide d’un budget complet, avertissant qu’un tel dispositif provisoire conduirait à un déficit plus élevé et à l’absence de choix économiques structurants.




