L’investissement dans les technologies climatiques au Vietnam a connu une progression remarquable en 2024. Le secteur de la Climate Tech a capté 22,3 % des flux nationaux de capital-risque, un niveau largement supérieur à la moyenne mondiale estimée à 12 %, confirmant l’attractivité croissante du pays pour les projets liés à la transition énergétique.
Ces performances ressortent du rapport intitulé « Écosystème d’investissement dans les startups de technologies climatiques du Vietnam 2025 » (CT-FE 2025). Le document est le fruit d’un travail conjoint de New Energy Nexus Vietnam, de l’Université RMIT et du projet AGILE. L’étude souligne surtout l’impact décisif des réformes législatives récentes dans l’orientation des capitaux vers les énergies propres.
Entre 2015 et 2024, 78 entreprises spécialisées ont levé environ 205 millions de dollars à travers 217 opérations financières. L’année 2024 s’impose comme une année charnière avec près de 100 millions de dollars mobilisés à elle seule, traduisant un regain de confiance des investisseurs.
L’entrée en vigueur de la Loi sur l’électricité de 2024, associée au Décret 135/2024/ND-CP, a profondément modifié le paysage réglementaire. Ces textes, qui encadrent notamment le développement de l’énergie solaire en toiture destinée à l’autoconsommation, ont favorisé une multiplication par cinq des investissements orientés vers la transition énergétique. En 2024, ces financements ont atteint 15,5 millions de dollars, contre un niveau nettement inférieur l’année précédente.
Cette dynamique positive masque toutefois une forte concentration des capitaux. La levée de fonds de série A de l’entreprise TECHCOOP, estimée à 70 millions de dollars, a représenté à elle seule plus de 70 % des montants investis sur l’année. Cette situation révèle un écosystème encore en construction, largement porté par quelques opérations majeures plutôt que par une croissance équilibrée.
Les fragilités structurelles restent également visibles. Le taux de survie des startups de la Climate Tech après la phase d’amorçage s’établit à seulement 11,11 %, bien en deçà de la moyenne observée dans l’ensemble du secteur technologique. Dans le même temps, le profil des investisseurs évolue. Le nombre d’investisseurs à impact présents au Vietnam est passé d’un seul en 2020 à dix en 2024, avec des exigences plus élevées en matière d’impact environnemental et social, de parité de genre et de respect des normes HSES.
Sur le plan géographique, Hô Chi Minh-Ville demeure le principal pôle d’attraction des capitaux, devant Hanoï et Dà Nang, confirmant la concentration des activités innovantes dans les grands centres urbains.
Selon Thao Trân, directrice nationale de New Energy Nexus Vietnam, l’innovation progresse mais l’écosystème de soutien doit encore être consolidé afin de mieux accompagner les jeunes entreprises avant leurs phases critiques de levée de fonds.
Pour le docteur Dang Pham Thiên Duy, co-auteur du rapport et chercheur à l’Université RMIT, cette analyse détaillée de l’écosystème, qui distingue clairement entreprises, structures d’appui, financeurs et autorités publiques, constitue désormais un outil stratégique au service des investisseurs et des décideurs politiques.



