Le Maroc veut réduire sa dépendance au bois importé et valoriser un potentiel de 500 millions de dollars

 

Le Maroc, pourtant doté d’un patrimoine forestier estimé à neuf millions d’hectares par l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), dépend encore à près de 70 % des importations pour satisfaire sa demande en bois. Une situation paradoxale, alors que le pays cherche à concilier préservation écologique et développement industriel durable.

Selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE), la production nationale de bois d’œuvre et d’industrie, évaluée à 680 000 mètres cubes par an, ne couvre qu’un tiers des besoins nationaux, fixés à 2,2 millions de mètres cubes. Le Maroc débourse ainsi environ 220 millions de dollars chaque année pour importer du bois de pin, tandis que ses capacités productives internes restent sous-exploitées à 30 %.

Le déficit est encore plus préoccupant dans le segment du bois-énergie. Les forêts marocaines produisent durablement trois millions de tonnes de bois de feu par an, alors que la consommation atteint six millions. Cette surexploitation, estimée à 200 %, accélère la dégradation du couvert forestier et la désertification qui menace 93 % du territoire. Le coût environnemental est évalué à 250 millions de dirhams par an.

Malgré ces contraintes, la filière du bois demeure un levier économique majeur. Elle contribue à hauteur de 1,5 % au PIB, emploie environ 50 000 personnes et compte près de 500 entreprises actives dans la transformation du bois, pour une production dépassant trois milliards de dirhams.

Pour inverser la tendance, le Maroc mise sur la stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 », dotée d’un budget de 1,25 milliard de dirhams. Ce plan vise à doubler la production nationale pour atteindre 1,42 million de mètres cubes par an. Il prévoit également la concession de 120 000 hectares de forêts à des investisseurs privés, privilégiant des essences à croissance rapide telles que le pin et l’eucalyptus, afin de réduire la dépendance aux importations et promouvoir une gestion durable des ressources.

Au-delà du bois d’œuvre, le CESE souligne l’importance des produits forestiers non ligneux, essentiels pour les revenus ruraux : huile d’argan, liège, miel ou écorce à tanin. Ces filières, qui génèrent entre huit et dix millions de journées de travail chaque année et font vivre près de sept millions de personnes, représentent une alternative durable et inclusive.

En cherchant à moderniser la filière, attirer les investissements et structurer une véritable chaîne de valeur, le Maroc veut transformer un déficit structurel en opportunité économique. Si la stratégie nationale atteint ses objectifs, le pays pourrait exploiter pleinement un potentiel évalué à 500 millions de dollars par an, tout en protégeant ses forêts pour les générations futures.

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