La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a averti mercredi à Washington que l’économie mondiale entre dans une phase où « l’incertitude devient la nouvelle norme ». Elle s’exprimait à l’occasion de son discours préliminaire avant les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, prévues la semaine prochaine dans la capitale américaine.
Selon elle, les transformations géopolitiques, technologiques et démographiques bouleversent profondément les équilibres mondiaux. « Nous vivons dans un monde où la population augmente dans certaines régions, diminue dans d’autres, et où les pressions sur la planète s’intensifient », a-t-elle constaté.
Mme Georgieva a reconnu que l’économie mondiale « se comporte mieux que prévu, mais moins bien que nécessaire ». Le FMI table sur une légère baisse de la croissance cette année et la suivante, mais estime que la résilience observée jusque-là repose sur quatre leviers : de meilleures politiques publiques, la flexibilité du secteur privé, des effets douaniers moins sévères que redouté, et des conditions financières encore favorables.
Cependant, cette résilience reste fragile. La directrice du FMI a évoqué la montée en flèche de la demande mondiale d’or comme un signe de nervosité croissante : les avoirs en or monétaire représentent désormais plus d’un cinquième des réserves officielles mondiales.
Face à ce contexte instable, elle appelle les dirigeants à intensifier les réformes et à créer des opportunités, notamment pour les jeunes. Le FMI fixe trois priorités à moyen terme : stimuler une croissance durable, rétablir la discipline budgétaire et corriger les déséquilibres internes et externes.
Mme Georgieva a par ailleurs mis en garde contre la dérive des dettes publiques, qui devraient dépasser 100 % du PIB mondial d’ici 2029. Cette tendance alourdit les charges d’intérêts, accroît le coût de l’emprunt et réduit la marge de manœuvre des États face aux crises.
Elle a enfin exhorté les pays à coopérer davantage. « Ce n’est pas le moment de se tirer une balle dans le pied, mais de mettre de l’ordre chez soi », a-t-elle lancé, appelant à des politiques coordonnées fondées sur des institutions solides, une gouvernance efficace et des filets sociaux robustes pour renforcer la résilience et soutenir la croissance mondiale.