Fraude douanière : des entreprises marocaines sous surveillance accrue

 

 

Trois sociétés opérant au Maroc font actuellement l’objet d’une enquête pour des pratiques frauduleuses présumées dans leurs opérations douanières. Au cœur des soupçons : la manipulation des déclarations d’importation, la sous-évaluation de marchandises et des mouvements financiers jugés suspects. Cette affaire relance les débats sur la transparence des échanges commerciaux dans le pays.

L’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) a mobilisé ses équipes, notamment celles basées dans les ports de Tanger Med et de Casablanca, pour mener des inspections approfondies. L’opération fait suite à des alertes émises par son service d’analyse des risques. Les informations récoltées font état de graves irrégularités entre les données déclarées à la douane et la réalité des produits importés.

Les premiers constats sont édifiants. Des documents falsifiés, des factures truquées, une classification détournée des marchandises afin d’éviter les droits de douane… Tout laisse penser à un système structuré visant à contourner la fiscalité. La valeur des marchandises concernées dépasse les 2,7 milliards de dirhams. Parmi elles, des équipements destinés aux secteurs de la construction, des travaux publics et de l’industrie légère.

L’analyse des comptes bancaires et des registres comptables a également mis en évidence des transferts de fonds vers l’étranger largement supérieurs aux montants déclarés. Dans plusieurs cas, les montants versés aux fournisseurs à l’international n’avaient rien à voir avec les valeurs inscrites dans les documents douaniers. Des factures dissimulées, différentes de celles transmises à l’ADII, ont été retrouvées.

En parallèle, l’enquête a révélé un usage abusif du régime douanier de l’« admission temporaire », censé permettre l’importation sans droits de marchandises destinées à être réexportées. Des entreprises auraient profité de ce dispositif pour écouler ces biens sur le marché local à moindre coût, contournant ainsi les règles.

Cette affaire n’est pas isolée. En 2024, un vaste réseau impliquant plusieurs sociétés avait été démantelé, avec des montants détournés estimés à 750 millions de dirhams. L’année suivante, plus de 160 PME du secteur textile étaient pointées du doigt pour avoir fraudé sous le même régime temporaire. En 2023, les autorités avaient mis au jour un trafic d’or actif entre plusieurs grandes villes.

Les conséquences économiques sont lourdes. Chaque année, la fraude douanière fait perdre à l’État marocain des centaines de millions de dirhams. En plus de ce manque à gagner fiscal, elle crée une concurrence déloyale sur le marché intérieur et porte atteinte à la crédibilité du Royaume auprès des partenaires étrangers. Un climat d’incertitude qui peut dissuader les investisseurs et freiner certains projets économiques d’envergure.

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