Nigéria : le patronat alerte sur une croissance fragile malgré la révision du PIB

 

L’Association des industriels du Nigéria (MAN) met en garde contre une lecture trop optimiste de la récente révision à la hausse du produit intérieur brut (PIB), appelant plutôt à des réformes structurelles pour relancer l’industrie nationale. Alors que le gouvernement nigérian a annoncé une croissance du PIB de 3,13 % au premier trimestre 2025, contre 2,27 % un an plus tôt, le directeur général de la MAN, Segun Ajayi-Kadri, reconnaît un léger rebond, mais insiste sur les faiblesses persistantes de l’économie. Selon lui, cette progression repose davantage sur une réévaluation statistique, notamment dans les secteurs de l’agriculture, des services et de l’économie informelle, que sur un véritable dynamisme productif.

Il souligne que sur la période 2020-2024, la croissance moyenne du PIB réel n’a été que de 1,95 %, un chiffre qu’il qualifie de « modeste » et révélateur d’un tissu économique encore vulnérable.

Plus préoccupant encore, la part de l’industrie dans le PIB est passée de 27,65 % (base 2010) à 21,08 % selon la nouvelle base de 2019. Pour Ajayi-Kadri, cette baisse marque un recul de l’industrialisation au profit d’activités de services à faible valeur ajoutée. « Statistiquement, notre économie semble plus grande, mais elle n’est ni plus productive, ni mieux structurée », avertit-il.

Il estime que la révision du PIB ne doit pas être perçue comme un aboutissement, mais comme un signal d’alarme incitant à réorienter les priorités économiques. Pour lui, seule une stratégie nationale de réindustrialisation permettra de bâtir une croissance inclusive, résiliente et créatrice d’emplois.

MAN appelle donc le gouvernement à accorder une attention particulière au secteur manufacturier à travers des politiques ciblées : amélioration des infrastructures, accès au financement à long terme, incitations fiscales, fiabilité de l’énergie pour les usines, contenu local renforcé, et simplification des démarches administratives.

Ajayi-Kadri a notamment plaidé pour la relance de filières industrielles clés comme le textile ou l’automobile, et soutenu les propositions du Groupe de travail sur la révolution industrielle. Il affirme que sans base industrielle solide, la croissance du PIB restera une illusion, sans impact réel sur la réduction de la pauvreté ni la stabilité macroéconomique.

Enfin, même si la révision à 243 milliards de dollars du PIB peut améliorer les ratios macroéconomiques et rassurer certains investisseurs, il insiste : « Ce n’est pas la taille du PIB qui compte, mais sa capacité à transformer l’économie, à générer des emplois décents et à structurer l’avenir du pays. »

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