Face à la faible mobilisation des financements climatiques pour l’agriculture en Afrique de l’Ouest, la Cédéao passe à l’offensive. Un atelier régional de haut niveau s’est ouvert, mardi à Dakar pour tenter de débloquer l’accès des pays de la région aux ressources du Fonds vert pour le climat.
Entre 2019 et 2022, les États ouest-africains n’ont réussi à capter que 1,4 % des fonds nécessaires pour adapter leur agriculture au changement climatique. À ce rythme, seuls 13 % des besoins annuels du secteur seront couverts d’ici 2030, selon les données consolidées.
Face à ce constat inquiétant, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) entend renforcer les capacités techniques et institutionnelles de ses membres. Jusqu’au 31 juillet, les participants (experts gouvernementaux, acteurs régionaux, bailleurs) plancheront sur les blocages actuels et les pistes d’amélioration.
« L’insuffisance des ressources domestiques impose d’élargir notre accès aux financements internationaux dédiés à l’action climatique », a martelé Mohamed Zongo, Directeur exécutif par intérim de l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation (ARAA).
Zongo rappelle que depuis 2023, l’ARAA est officiellement accréditée comme Delivery Partner du Fonds vert pour le climat (FVC), une reconnaissance qui doit être exploitée pour faire émerger des projets solides et bancables dans le secteur agricole.
Mais trois freins majeurs persistent :
- Le manque de capacités institutionnelles,
- L’incohérence entre priorités nationales et politiques climatiques,
- Une faible connaissance des mécanismes d’accès aux guichets climat.
Selon la Banque africaine de développement (BAD), l’Afrique pourrait perdre jusqu’à 50 milliards de dollars par an d’ici 2040, si rien n’est fait, avec un recul du PIB estimé à 30 % d’ici 2050.
L’atelier s’inscrit dans la dynamique de la Stratégie régionale pour le climat, adoptée en juin 2022, et vise à soutenir des projets agricoles résilients, capables de faire face aux sécheresses, inondations, et autres chocs extrêmes de plus en plus fréquents dans la région.
« L’avenir agricole de la région dépendra de notre capacité collective à mieux comprendre et capter ces financements vitaux », conclut un participant.